Bonsoir,
Ce procès est concu à l'origine, suivant les suggestions d'Abetz (François)
La plupart des "recommandations" aux juges de la Cour de Riom vont à l'encontre des souhaits nazis. Ces derniers entendaient faire juger les "fauteurs de guerre" alors que Vichy entendait juger les responsables de la défaite. ... au grand dam des Allemands qui firent interrompre le procès .... à la grande satisfaction de Pétain et ses sbires.
Lors de nos échanges sur la rencontre du 19 juillet 1940 entre Laval et Abetz, j'avais jeté en notes d'une fiche/brouillon, quelques réflexions et extraits d'ouvrages... en omettant de mentionner les références. Peu importe ! Un extrait significatif :
Il s'agissait bien d'un procès organisé par Vichy. L'occupant n'était pour rien dans son déroulement : le Reich avait l'intelligence de laisser les Français laver leur linge sale en public. Quelques têtes pensantes vichyssoises et Pétain lui-même, démangés par l'idée de régler tout un arriéré de comptes politiques, voulaient diaboliser l' "ancien régime "pour mieux ancrer le nouveau les inculpés devaient être les boucs émissaires dont le châtiment prouverait au bon peuple la nécessité du redressement moral et intellectuel auquel l'Etat français le conviait autoritairement.
Je remarquais également que les "coupables" du désastre de mai/juin 1940 étaient déjà désignés au lendemain de l'armistice voire avant. Voir également la lettre du 29 juin de Weygand à Pétain, notais-je ! (Heu ! beuh.... je ne retrouve plus le texte de cette lettre)
Quoiqu'il en soit, le 9 juillet 1940, réunis à Vichy, les sénateurs et députés entendent le président du Sénat (Jeannerey) déclarer solennellement "
Il faut expier nos fautes" et, le même jour la déclaration du président de la Chambre des députés (Herriot) : "
Au lendemain des grands désastres on cherche des responsabilités. Elle sont de divers ordres. Elle se dégageront. L'heure de la justice viendra. La France se voudra sévère, exacte, impartiale."
Selon Maurice Martin du Gard, Pétain lui aurait confié : "
Je reçus au moment de l'armistice, de toute la France, des fonctionnaires, des ouvriers, de la bourgeoisie, des invitation, et en quels termes, de mettre au mur Paul Reynaud et en premier lieu Léon Blum. Tous les Français me pressaient de les fusiller."
L'acte constitutionnel n° 5 créant la Cour suprême de justice, chargée de juger "
les anciens ministres ou leurs subordonnés immédiats accusés d'avoir commis des crimes et délits dans l'exercice ou à l'occasion de leurs fonctions ou d'avoir trahi les devoirs de leur charge" est daté du 30 juillet.... 3 semaines après la rencontre Abetz/Laval. Rapport de cause à effet ? Je n'y crois pas ! Trop d'indications antérieures dont celles ci-dessus, montrent que Vichy souhaitait désigner et juger les responsables de la défaite et, manoeuvre ultime, abattre la République.
Bien cordialement,
Francis.