Dans un livre décapant, le fils cadet de François Mauriac dévoile l'homosexualité de son père et ses rapports tendus avec de Gaulle. Rencontre avec un témoin unique. Depuis l'âge de 20 ans, Jean Mauriac n'a jamais cessé d'écrire. Non pas des romans ou un Bloc-Notes, comme son illustre père. Ni même un journal à la manière du Temps immobile de son frère aîné, Claude. Mais seulement des dépêches d'agence, encore des dépêches, toujours des dépêches. Comme une ascèse sans fin, un calice bu jusqu'à la lie par un fils éperdu et écrasé... Aujourd'hui, à défaut d'avoir vaincu ses complexes, l'ancien journaliste de l'Agence France Presse, qui coule une retraite discrète dans le XVIe arrondissement de Paris, s'est décidé à sortir de sa réserve. Déjà auteur, en 2006, d'un ouvrage sur L'Après-de Gaulle, cet octogénaire aux cheveux de neige et au regard de hibou inquiet se raconte dans un livre d'entretiens. Et ça «dépote», comme on dit de nos jours! Car le grand talent de Jean Mauriac - outre son «oeil» d'ancien reporter - est de ne pas appartenir à la race des tièdes, plutôt à celle des témoins prêts à se faire égorger.
Que l'on apprécie ou non la prose de François Mauriac, le grantécrivain catholique brûlé de désirs et rongé de culpabilité, une double spirale qui, loin d'avoir stérilisé son talent, l'a doublement boosté pour ses romans, il ne faut pas oublier qu'il fut aussi un grand journaliste, un reporter et un guetteur du XXe siècle aux formules fulgurantes avec ses papiers et son célèbre Bloc-Notes qu'il trimbalait du Figaro à L'Express.
Jean-Luc Barré et Jean Mauriac ont échangé des propos sur les liens entre l'écrivain considérable et le général hors-catégorie. Au final, un bouquin :
Le Général et le journaliste. Conversations avec Jean-Luc Barré que signe Jean Mauriac chez Fayard.
Extrait sur L'Express des livres
+ critique du livre.

(La bio de Mauriac par Lacouture est intéressante sur les relations entre ces deux personnages.)

RC