Comme l'écrit G.P., votre article est effectivement "fantaisiste", mais uniquement sur sa seconde partie, à savoir votre affirmation selon laquelle Staline a aidé Varsovie. A vous limiter aux travaux de l'historien militaire David Glantz, qui ne portent que sur la dimension militaire des événements (et encore, de manière très lacunaire en ce qui concerne Varsovie), vous prêtez trop souvent le flanc à la critique.
Commençons par le point où je suis d'accord : il est pour moi incontestable que c'est bel et bien l'Ostheer qui stoppe l'Armée rouge aux portes de la capitale polonaise. Les documents allemands et les mémoires des protagonistes nazis sont, à ce titre, absolument éloquents. Votre analyse aurait, sur ce domaine, gagné à être renforcée par des considérations politiques, touchant à la perception qu'avait Staline de la Résistance polonaise communiste, mais passons.
En revanche, le reste me laisse franchement sceptique. "Pour rester soft."
S'agissant du refus de Staline de coopérer au pont aérien britannique, tout d'abord. Vous osez écrire que ledit refus "est rapporté rapidement" ! Perdu : ce n'est en effet que le 10 septembre 1944, quarante jours après le début de l'insurrection, que le Kremlin autorisera les avions alliés à utiliser les aérodromes soviétiques. Il est d'ailleurs faux d'écrire que le refus d'accorder aux Alliés l'espace aérien soviétique résulterait de controverses balkaniques. Staline affiche clairement la couleur le 22 août 1944 : sa décision est motivée par le fait qu'il considère les insurgés comme des "ennemis de l'Union soviétique", des "criminels".
Bref, pendant plus de cinq semaines les avions alliés devront suivre des chemins détournés, et se taper en plus le voyage de retour vers l'Italie, idée qui découragera les pontes de la R.A.F., lesquels se contenteront au départ d'y expédier des volontaires polonais en majorité. Cinq semaines au cours desquelles les parachutages d'armes seront pour ainsi dire réduits à la portion congrue. Or, une telle insurrection ne pouvait espérer l'emporter qu'au cours des premiers jours. Au delà du mois, il était bien trop tard, comme l'Histoire l'a d'ailleurs prouvé. L'aide militaire soviétique apportée par parachutages dès le 14 septembre 1944 survenait, elle-aussi, trop tard, et aurait pu être organisée bien plus tôt : agir le 14 septembre comme les Soviétiques l'ont fait, c'était en fait perfuser un cadavre de manière artisanale.
S'agissant du prolongement de l'arrêt de l'Armée rouge, vos arguments ne sont pas plus sérieux. Rokossovski lui-même, qui connaissait assurément très bien la situation de ses propres troupes, informa en effet Staline le 25 août 1944 que ses troupes étaient aptes à reprendre l'offensive. Ce même Rokossovski avait auparavant conçu un plan d'attaque censé aboutir à la chute rapide de Varsovie, plan d'attaque qui ne sera appliqué qu'en... janvier 1945, au lieu de la fin du mois d'août 1944. Et comme le signale G.P. (alias Borovic sur un autre forum), l'offensive de septembre n'a pas reçu tout le soutien nécessaire en vue de faire tomber la capitale polonaise, Staline sacrifiant à l'occasion d'autres Polonais, ceux de l'armée Berling.
Pour finir, et vous allez trouver que j'y tiens, votre analyse - enfin, celle de Glantz - ne tient pas compte de deux données pourtant essentielles à la compréhension du drame. Premièrement, les unités de l'Armée de l'Intérieur des territoires déjà "libérés" sont désarmées et arrêtées par les Soviétiques : une telle politique devrait vous mettre la puce à l'oreille quant aux intentions de Staline. Deuxièmement, ce dernier se répandra en injures contre les insurgés tout au long du mois d'août, les traitant de criminels, d'irresponsables, d'ennemis. Ce n'est pas le comportement d'un dictateur qui, selon vous, s'est démené pour les assister. |