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jeudi 22 novembre 2007
Résistance : l'hermine contre la croix gammée
La compagnie A du bataillon de la Poche, à Plessé, encadrée par des résistants du groupe Liberté de Saint-Nazaire. : photo DR
Jean-Jacques Monnier retrace l'itinéraire de 300 résistants qui affirmaient leur conscience bretonne. Un travail salué par l'historienne Mona Ozouf.
Sous-titré L'hermine contre la croix gammée, le dernier ouvrage de Jean-Jacques Monnier rend justice aux Bretons qui ont résisté pendant la guerre et particulièrement aux militants bretons qui furent dans ce cas. Au travers de quelque 300 itinéraires de résistants, signalés par une forte conscience bretonne, l'historien lannionnais décrit une réalité bretonne éloignée des stéréotypes.
Comment en êtes-vous venu à mener cette recherche ?
En 1999, des articles ont mis en cause René-Yves Creston, l'un des artistes des Seiz breur. J'ai donc cherché à Saint-Nazaire, dont il était originaire, et découvert le groupe Liberté. Ce groupe d'une centaine de combattants s'est créé autour d'un noyau dur d'une quinzaine de membres issus du mouvement de jeunesse du Parti national breton.
D'où viennent les accusations qui ont été portées contre lui ?
Il était membre de l'Institut celtique, qui n'était pas vraiment un organe de collaboration : il lui fallait une façade pour être efficace dans la Résistance. C'est également le cas de Joseph Martray qui était missionné par la Résistance pour infiltrer le quotidien La Dépêche et empêcher qu'elle ne publie les photos des résistants recherchés. Il en devint rédacteur en chef.
Vous évoquez également le groupe Bleiz Mor...
C'est un groupe d'une trentaine de résistants qui parlaient breton entre eux. Ils ont été envoyés à Saint-Marcel, puis dans le Mené. Il y avait, en fait, des militants bretons dans de nombreux maquis comme celui de Châteauneuf-du-Faou dont je publie une photo.
Que représentent ces itinéraires dans le mouvement breton ?
La plupart étaient trop jeunes pour être militants, puisque leur moyenne d'âge n'excédait pas 20 ans. Ils ont, par contre, relancé le mouvement breton, après la guerre, en commençant par le culturel.
Pourquoi titrer sur la conscience bretonne ?
L'action bretonne débordait largement le mouvement breton. Je rapporte les convictions du colonel Rémy, de Jean Marin ou de Jean Oberlé, grande voix de Radio Londres. Les Bretons ont représenté jusqu'à 40 % des Forces de la France libre (FFL). L'association Sao Breiz rassemblait un millier d'entre eux autour d'activités culturelles.
Pensez-vous avoir rapporté les itinéraires de tous les résistants ?
Je pense en avoir trouvé une majorité, mais beaucoup ne seront jamais connus car ils ont disparu sans avoir témoigné. Certains sont morts en déportation. L'ouverture des archives des services secrets britanniques, en 2010, devrait permettre d'en savoir plus.
Recueilli par
Even VALLERIE.
Résistance et conscience bretonne 1940-1945, l'hermine contre la croix gammée, par Jean-Jacques Monnier, éd. Yoran Embanner, Fouesnant, 416 p, 20 €. |