Le roman de Hansen est, à mon avis, bien écrit. Les pages consacrées au (prétendu) meurtre de Geli Raubal par Hitler sont saisissantes. Bref, le style, tout en nuances, est remarquable.
Sur le plan historique, c'est une autre histoire, au sens où les nuances disparaissent. Hitler est un monstre, sexuellement impuissant mais dans le même temps adepte du S.M., point final. Et en plus, il assassine froidement sa nièce-amante (et tant pis pour les faits prouvant l'exact contraire). Quant aux autres personnages du drame, ils véhiculent les mêmes clichés propagés dès cette époque, y compris même un Göring qui va jusqu'à tenter de séduire Geli pour quelque jeu érotique... Bref, du colportage de ragots.
Je n'irai pas, toutefois, jusqu'à assimiler Hansen à Mailer. Là où Hansen revendique un intérêt historique, Mailer est bien plus désabusé et ironique. Le style littéraire du second, vétéran de l'écriture, dépasse de loin celui du jeune premier. Là où Hansen se prend terriblement au sérieux, Mailer pourrait donner l'impression d'avoir commis une vaste plaisanterie.
N'empêche qu'en attendant, le résultat est le même. Invraisemblances chez Hansen, démon ricanant chez Mailer, le public n'est pas clairement amené à comprendre le dictateur nazi. |