> Une belle rencension, qui ne craint pas d'aller à
> contre-courant de tout ce qu'on peut entendre et lire en
> France ces temps-ci !
Disons que j'ai pu vérifier par la suite que la thèse du subterfuge avait été également plus ou moins suggérée par
Télérama, sans pour autant aller très loin -
voir la recension.
Possible que je me trompe, mais j'ai vraiment du mal à imaginer que Mailer soit convaincu que Hitler ait été influencé par un démon. Pour moi, il a commis une pirouette narrative se moquant de notre voyeurisme, et cherchant à camoufler ironiquement son échec, connu par tant de ses prédécesseurs, dans l'appréhension du personnage Hitler.
> N'ayant toujours pas ouvert le livre, je me bornerai à une
> remarque : tu fais un parallèle intéressant entre Mailer
> et Rosenbaum, chantres d'un Hitler inexpliquable.
> N'aurait-il pas là quelque trait spécifiquement américain
> ?
Pas si sûr... Pour ne citer qu'un exemple, Ron Hansen, écrivain américain également, s'était efforcé de nous livrer sa propre interprétation de la mentalité hitlérienne dans
La nièce d'Hitler, édité en français l'an dernier chez Buchet-Chastel. De manière très discutable au demeurant.
D'autant que finalement, Rosenbaum lui-même finit par se rallier à une explication, celle du Hitler génie du mal, riant de ses propres meurtres et de ses propres dénégations.
Je crois que Mailer a suivi une démarche toute spécifique. Il a voulu écrire sur Hitler, résoudre son mystère, mais à force d'accumuler les données, des grandes lignes aux petits détails, a réalisé qu'il n'était pas possible de déterminer la vérité. Comme il s'était trop exposé, trop avancé, il ne pouvait plus reculer. D'où l'invention du démon, pour se moquer gentiment des lecteurs.
> Je maintiens ferme pour ma part que cet individu est
> humain, historique et très certainement expliquable, même
> s'il est unique dans l'histoire et donc, par là même, ardu
> à expliquer.
Tout à fait.