Bonjour à tous,
Juste un petit message pour vous livrer les impressions des élèves et vous narrer la façon dont j'ai procédé.
La lettre ne devait être lue qu'aux lycéens mais mon établissement nous a demandé de le faire aussi aux classes de 3ème. J'ai donc lu la lettre à trois classes de 3ème et une de 2nde.
J'ai passé un bon 1/4 d'heure à expliquer le contexte; l'auteur de la lettre a été arrêté en octobre 1940: rappel du pacte germano-soviétique, de la défaite de 40, des zones libre et occupée, de Vichy, de Montoire. Il a été fusillé en octobre 41: Barbarossa, anticommunisme, etc. Rappel aussi de la définition de "communiste". Rares sont ceux, même au lycée, qui ont un semblant de culture générale à ce sujet, bien que de nombreuses notions aient déjà été étudiées et considérées comme acquises... .
La lettre en elle-même n'a suscité que peu de commentaires, si ce n'est "le pauvre". J'insiste donc en leur posant des questions simples sur le sens de la lettre. Je leur fait évoquer les valeurs transmises par la famille, le fait qu'on aime que les parents soient "fiers de nous", etc. Leur manque de maturité (3ème et 2nde, je sais que mes collègues ayant des 1ères et terminales ont eu le loisir d'avoir des réactions pertinentes de leurs élèves) est naturellement évident. En fait, ils ne comprennent pas pourquoi on leur lit cette lettre. Je décide donc de leur en lire une autre, que j'avais préalablement choisie. J'avais hésité avec celle de Manouchian mais je voulais un texte beaucoup plus court. Je me suis donc tourné vers celle rédigée par Guido Brancadroro, 21 ans, fusillé pour actes de sabotage et édition de journaux clandestins, en mai 1942. Les origines étrangères de ce Français ont aussi orienté mon choix, tout comme ses dernières paroles, que je cite "(...) ce sont les Français qui me livrent, et je crie "vive la France", et ce sont les Allemands qui m'exécutent, et pourtant je crie "vive le peuple allemand et l'Allemagne de demain" (...). La portée du texte me paraissait plus grande: aucune haine, l'amour de sa patrie (réactions: "mais il est italien non? Non, mes enfants, il est Français!" Réaction d'élèves d'origine étrangère: "moi j'aurais eu la haine contre la France!" ou encore "de toutes façons je ne me sens pas Français, alors j'aurais pas risqué ma vie pour la France"...difficile de débattre avec des gamins, surtout avec cette mentalité... je reprends donc un cachet contre l'hypertension...), la foi en l'avenir et la victoire sur le totalitarisme, sans parler des notions sous-jascentes de pardon (puisque je suis dans un établissement catho, j'en ai profité). Ce texte, malgré tout, a été plus parlant pour eux.
Bilan général: "pas glop!" |