Editeur, romancier, essayiste, documentariste et critique, Daniel Rondeau publie son Journal de lecture aux éditions Les Transbordeurs, un genre que Nimier, Frank ou Vandromme ont réactivé dans la seconde moitié du siècle passé.
Le mot de l'auteur :
J'ai toujours aimé les livres, toujours recherché le moment où le lecteur que je suis commence à entrer dans une relation sincère avec un auteur. Ces chroniques sont donc d'une certaine façon mon journal intime. Elles racontent mes nuits passées à lire, le crayon à la main, à me laisser absorber par un texte, pour me retrouver au fil d'une page à l'unisson d'un inconnu qui soudain devient un frère. Ces émotions, ces admirations, ces compréhensions, ces questions, ces irritations parfois, une recherche constante de la nuance ont nourri mon dialogue silencieux avec «les honnestes gens» de ce qu'il demeure de la République des lettres. Ces fils tendus par les mots entre des vivants et des morts, ces aller-retours entre des âges et des mondes, au moment où la littérature et la beauté paraissent menacées par l'industrie lourde des médias et des loisirs (de plus en plus éloignés du vieil idéal d'otium de l'Antiquité) ont été ma discipline et mon plaisir.

Dans le Fig. Litt. de la semaine, Jean-Paul Caracalla écrit :
C'est un conseil de révision que nous donne Daniel Rondeau en publiant son Journal de lectures. Une invite à revisiter les rayons de notre bibliothèque où sont négligés certains ouvrages au profit de ceux de l'actualité littéraire, particulièrement abondante. La publication de Au galop des hussards de Christian Millau est l'occasion pour lui de revenir sur la personnalité de Nimier, impertinent de la presse et des lettres, assumant la rude besogne de remettre sur les rails d'anciennes locomotives littéraires à la réforme - Morand, Chardonne, Céline... - aiguillées sur une mauvaise voie pendant les jours sombres. Irrévérencieux, charmeur, auteur de canulars croustillants avec son ami Antoine Blondin, chouchou des messieurs de la rue Sébastien-Bottin, il reçoit en cadeau de son éditeur, Gaston Gallimard, une Aston, qu'il baptise Gaston-Martin. Spécialiste de messages apocryphes, Sartre, Cocteau, Mauriac furent parmi ses cibles préférées. Sa mort brutale est comme un pied de nez aux imbéciles et aux fâcheux. (...)
Gros temps pour Saint-Exupéry, sérieusement secoué par Nimier et Roger Stéphane ; sur le vieil Aragon s'en allant « au hasard des rues et des rencontres en balbutiant des poèmes de Baudelaire ». Sur Olivier Frébourg, l'écrivain-voyageur normand, coqueluche du sédentaire Bernard Frank, qui publie Un homme à la mer et évoque ses admirations et amis d'hier et d'aujourd'hui : Borges, Déon, Simenon, Coatalem.
Rondeau ravive le souvenir de Maurice Martin du Gard, dont Les Mémorables demeurent la source inépuisable de choses vues ; de Daniel Halévy, le biographe à la barbe fleurie de Péguy, de Nietzsche, ressuscité par Sébastien Laurent. Bizet, Gounod, Degas ont été les amis de ce condisciple de Marcel Proust au lycée Condorcet. De Paul Morand, dont Marcel Schneider hérite de la garde-robe, et de son filleul Gabriel Jardin sur les dernières années de l'auteur de Venises. (...) On trouvera bien d'autres évocations d'écrivains dans Le Journal de Rondeau, précieux florilège d'un fou de lecture.

Pour s'aérer la tête...

RC