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En 1958, le jeune écrivain Bernard Frank signait un essai,
en apparence (...) sur Drieu La Rochelle, écrivain fasciste et auto-épuré à la Libération qui fascinera Frank toute sa vie.
En hommage au grand chroniqueur littéraire disparu le 3 novembre 2006 et à celui qui fut un fringuant romancier, je dépose cet essai qui a sa place dans Livres de Guerre.
En avalant son luminal, Drieu n'avait pas tant réussi sa mort - que signifie cette phrase stupide : les morts n'ont pas de valeur ? - mais plutôt rendu un rude service à ses livres. Il les avait peut-être sauvés d'une indulgence quelque peu méprisante. On était prêt à l'oublier. Ses contemporains se sentaient tout disposés à le défendre mollement : " Je crois que les jeunes gens ne lisent plus Drieu. C'était pourtant un garçon brillant. Il manquait de caractère. Il est évident qu'il n'a jamais écrit de vrais romans. Ses essais étaient assez futiles. Ce n'était pas un écrivain de première grandeur. On devrait pourtant le feuilleter de temps en temps. Il y a de bonnes choses." Malheureusement pour ces bonnes âmes, Drieu pouvait se passer de leurs services : la génération qui avait commencé à écrire peu de temps après la capitulation de l'Allemagne avait lu Drieu. Cette génération n'était pas tant une "génération perdue" que la génération du regret. Le regret, par exemple, de n'être pas la "génération perdue". Quand il n'y a plus de princes, il reste à se costumer en prince. La littérature était devenue un musée, on choisissait son époque. Il s'agissait surtout de passer le temps.