Dans la préface à sa (bonne) bio de Malraux, Olivier Todd se souvient de l'occupation vécue pré-ado - il a 14 ans en 44 - et se demande :
En 1943, au Luxembourg, les franquistes de Sepulveda devenaient pour moi, les alliés des soldats allemands. La devise "Got mit uns" sur la boucle argentée de leur ceinturon répondait au slogan des troupes de Franco :"Vive le Christ-Roi !" La guerre d'Espagne s'éternisera dans nos mémoires avec simplicité et manichéisme. A l'époque, je faisais l'impasse sur certaines questions évoquées à Bruxelles en 1997 par Paul Nothomb, modèle du personnage d'Attignies, commissaire politique de l'escadrille de L'Espoir. Le franquisme fut ignoble* mais, même aux pires moments, il ne se transforma pas en nazisme. Osons nous interroger même si nous sympathisons d'abord avec la République espagnole : si les communistes avaient pris le pouvoir en Espagne, de quoi la victoire républicaine aurait-elle accouché ?.
What if ? Hum, non, pas seulement; ce serait trop réducteur. Avec cette interrogation inquiète, Todd met le doigt sur le drame vécu par celles et ceux qui ont soutenu une des pires dictatures - celle de Staline - au nom de la liberté.
RC
* Un de ces pires moments du franquisme est le cadre du film magnifique
Le labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro qui emprunte des éléments à l'Histoire, au conte et au réalisme fantastique. Au final, c'est un des plus beaux films produits en Europe ces dernières années.
Lire et voir :