On a longtemps nié que la mémoire puisse être un objet d’histoire. Le regretté Georges Duby est venu nous asséner la preuve du contraire avec son maître-ouvrage Le dimanche de Bouvines. A partir d’un récit événementiel, celui de la bataille de Bouvines qui a vu le 27 juillet 1214 Philippe-Auguste vaincre Ferrand comte de Flandre et Othon IV empereur du Saint-Empire, il s’est attaché à décrypter les différentes strates de construction d’une mémoire en grande partie nationale.
La somme que nous livre Sarah Farmer sur Oradour est de cette dimension. A partir des événements terribles de cette journée de juin, elle analyse la confection d’une mémoire et la construction d’un site. Le plan de cet ouvrage est clair et simple : le lecteur est invité à suivre une spirale chronologique ascendante qui met en lumière les différentes phases définies par l’auteur. L’écriture est précise, claire. Le langage est celui d’une historienne qui maîtrise parfaitement les méthodes et usages exigeants de sa discipline.
Remi Luglia pour parutions.com.
C'est sans doute à ce jour le livre le plus pertinent sur les étapes de la construction d'une mémoire collective à partir du crime de guerre commis à Oradour.*
Sarah Farmer, Oradour, 10 juin 1944 - Arrêt sur mémoire, chez Perrin, rééd.Tempus 2007.
RC
* Une fois encore, c'est l'histoire qui doit nous renseigner sur la mémoire et non la mémoire qui prend l'histoire en otage. |