
De tous les crimes nazis, le massacre des 642 hommes, femmes et enfants à Oradour-sur-Glane par des soldats de la SS, le 10 juin 1944, est certainement l'un des plus connus mais aussi celui, qui de nos jours encore, laisse des cicatrices qui ne se sont toujours pas refermées.
En introduction de son livre, Sarah Fermer écrit :
Les évènements du 10 juin 1940 ont été racontés en détail dans de nombreux livres. La présente étude s'intéresse à la place de cet évènement dans la mémoire nationale française. Comment et pourquoi, dans l'après-guerre, cette histoire particulière a-t-elle émergé dans la masse de toutes les histoires possibles . Comment les politiques ont-ils été conduits à choisir Oradour village martyr comme symbole national ? Comment la commémoration du massacre, la préservation des traces physiques de destruction ont-elles influencé la postérité de l'événement ? En examinant les significations attribuées au massacre et la transformation d'Oradour en monument national, cette étude explore la formation de la mémoire collective française de la Seconde Guerre mondiale.
L'ouvrage est également l'analyse du procès de Bordeaux où furent jugés les "Malgré-nous" alsaciens, membres de la division "
Das Reich" qui perpétra le massacre. Loin d'apaiser les passions, le procès raviva les blessures mal cicatrisées. Un fossé d'incompréhension et de rancoeur se creusa entre les Limousins et les Alsaciens.
En signalant la parution du livre, René Claude écrivait "
C'est sans doute à ce jour le livre le plus pertinent sur les étapes de la construction d'une mémoire collective à partir du crime de guerre commis à Oradour. Une fois encore, c'est l'histoire qui doit nous renseigner sur la mémoire et non la mémoire qui prend l'histoire en otage.
Présentation de l'éditeurLe 10 juin 1944, une colonne de la division Das Reich mitraille dans les granges les hommes d'Oradour, brûle dans l'église femmes et enfants : 642 morts, un village calciné, aux ruines comme une cicatrice suppurante, et des questions jamais résolues sur la violence de guerre, la barbarie, le poids de la mémoire. Sarah Farmer a repris l'ensemble du dossier, rencontrant les derniers témoins et survivants du massacre, retraçant les itinéraires des victimes, exhumant les archives. Elle brosse ainsi le récit d'un épisode proprement " inoubliable " qui, jusqu'à aujourd'hui, résiste à toute tentative de réparation. Elle évoque le procès de 1953, à Bordeaux, intenté contre les quatorze " malgré-nous " de la colonne Das Reich. Dans cette étude approfondie et originale, Sarah Farmer met en évidence autant le besoin de mémoire que la nécessité d'une approche historienne, seul moyen d'échapper peut-être à la tyrannie du ressentiment.
Table des matières.
I. Le massacre
II. Les lendemains du massacre
III. Entretenir le souvenir
IV. Le site mémorial
V. 1953, le procès de Bordeaux.
VI. Les gens d'Oradour.
Francis Deleu.