Lettres au Maréchal Pétain
Monsieur le Maréchal,
J’ai lu le décret qui déclare que tous les israélites ne peuvent plus être officiers, même ceux d’ascendance strictement française.
Je vous serais obligé de me faire dire si je dois aller retirer leurs galons :
A mon frère, sous lieutenant au 36e régiment d’infanterie, tué à Douaumont en avril 1916 ;
A mon gendre, sous lieutenant au 14e régiment de dragons portés, tué en Belgique en mai 1940 ;
A mon neveu J.F. Masse, lieutenant au 23e colonial, tué à Rethel en mai 1940.
Puis je laisser à mon frère la médaille militaire gagnée à Neuville-Saint-Vaast, avec laquelle je l’ai enseveli ?
Mon fils Jacques, sous lieutenant au 62e bataillon de chasseurs alpins, blessé à Soupir en juin 1940, peut-il conserver son galon ?
Suis-je enfin assuré qu’on ne retirera pas rétrospectivement la médaille de Sainte Hélène à mon arrière grand père ?
P. Masse
27 Janvier 1941
Monsieur le Maréchal Pétain,
Je lis dans un journal « En application de la loi, M. le ministre de l’Intérieur a révoqué (entre autres noms) M. Cahen, chef de cabinet à la préfecture de la Côte d’Or.
M. le ministre aurait dû se renseigner avant de prendre cette mesure ; il aurait appris que l’aspirant Jacques Cahen a été tué, le 20 Mai, et inhumé à Abbeville. Il a suivi les glorieuses traditions de ses cousins, morts pour la France en 1914-1918, l’un comme chasseur alpin, l’autre comme officier du génie, à l’âge de vingt quatre et vingt cinq ans, nos deux seuls fils, et dont les mânes ont dû tressaillir d’horreur devant un pareil traitement.
Agréez, etc…
Mme Nersen
simple question: le ministre de l'Intérieur en 1941, n'était il pas Pierre Pucheu? |