Ah, Jacques, j'ose a peine recopier certains passages...
mais je me lance, sachant que tout cela doit évidemment être relu à la lumière du "trouble" qui régnait alors...
5 mai 43: "Je lui ai redit (à Plas), les raisons pour lesquelles je n'étais pas Gaulliste et que m'importe mon avenir, même avec de Gaulle. Nous aurons la révolution en France, elle sera la rançon de l'erreur de l'Armée préparée par Vichy. J'ai dit à Plas: ""L'armée de peut pas voir de Gaulle ! Elle ne peut pas le voir à cause de la Syrie et de Dakar et surtout parce que bon gré mal gré, il représente toute la politique d'hier. L'armée ne pardonne pas à la politique de l'avoir conduite à la défaite. Elle a accepté le Maréchal mais elle l'a aimé parce qu'il a cristallisé sur lui toutes nos rancœurs contre le régime qui a consommé la défaite française !""
(...)La politique est une bien sale chose et les intérêts de la France y disparaissent derrière les intérêts de certains. Giraud se débat, plus ou moins maladroitement au milieu de tout çà. Je conclus en disant à Lardin que toute cette cuisine est incompréhensible pour la majorité, dont moi, et en tout cas, pour les militaires.
(...) De Gaulle - Giraud, c'est un problème politique. D'ailleurs les gaullistes sont constitués par les anciens tenants du Front Populaire (...). A côté les indigènes restent muets avec au fond du coeur un certain attachement au général Weygand.
27 mai, à Tunis:
"Beaucoup de laisser-aller depuis la Victoire, même et surtout chez les Alliés. Tunis, ville fermée, mais les rues débordent d'Anglais mal tenus qui exposent leur intempérance et leurs instincts. Dans les esprits, confusion extrême: de Gaulle, dieu des communistes. Inscriptions sur les murs: "Croix de Lorraine + faucille et marteau = Victoire!" Cela se passe de commentaires!"
28 mai
"l'entente est faite, parait-il entre de Gaulle et Giraud.(...) Plas m'a dit: ne voulez-vous pas voir le général de Gaulle? J'ai refusé. Giraud, que j'aime en fils est mon patron. Je le crois supérieur à l'autre! Moralement, politiquement, militairement. Il est moins personnel."
2 juin: "L'union est faite. Un nouveau mensonge est né. L'avenir politique de la France repose sur un mensonge auquel personne ne croit, que les petits trublions des cafés électoraux. Les troupes de Leclerc et de Larminat sont écoeurées, elles aussi, de voir que l’on parle tant de basse politique. Il faut que Giraud reprenne l’armée en mains. »
27 juin :
« Convoqué a Alger. La situation est la suivante, ou du moins, paraît telle : Giraud et de Gaulle n’ont pas pu s’entendre sur le point de vue militaire. La désignation des 2 commandements en chef pour chacune des armées Giraud et de Gaulle consacre la désunion officielle. Les débauchages pour l’armée Leclerc continuent ! On parle réduction des limites d’âge, et telles quelles, si elles étaient appliquées, je ne pourrais pas faire partie du Corps expéditionnaire. Cette pensée me torture.»
Le 22 août, de Gaulle inspecte la division qui va bientôt partir en Italie. « l’impression est assez terne. Je m’attendais à mieux. Beaucoup de froideur dans l’attitude, sauf avec les civils. Aucune facilité pour parler des choses militaires. L’impression dans l’ensemble, n’a pas été favorable. Pendant la revue, les officiers d’artillerie ont ostensiblement tourné la tête à l’opposé de de Gaulle. »
Non, rien du tout de significatif quant au « ralliement » de Monsabert à de Gaulle, au contraire. La date de juin 1943 reste donc un mystère et-ou une erreur…
De Monsabert embarquera toutefois le 14 décembre de Bizerte pour Naples avec « sa » 3e DIA et connaîtra les succès militaires que l’on sait.
Des centaines d’autres choses passionnantes et « inédites » dans ce livre !
Frédérique |