J'ai reçu l'articulet du Dauphiné libéré qu'on m'avait d'abord présenté comme un résumé de celui sur la visite de Lucie Aubrac à Valence. Comme prévu, il est identique à ce qu'en citait ici Jacques Baynac, et à la version intégrale enfin fournie par lui avant hier par l'intermédiaire de Jean-Robert Gorce.
Je profite de l'occasion pour me désolidariser entièrement (et un peu sévèrement) des critiques proférées par certains d'entre nous contre la documentaliste. Elle n'a fait que son devoir, en fournissant d'abord le long reportage de la page "Valence" puis, pressée par moi (tandis que mes contradicteurs lui fichaient une paix royale) de voir s'il n'y avait vraiment rien d'autre, elle a fini par dégotter l'entrefilet en page "Drôme" qu'elle a pris en toute logique et bonne foi pour un résumé. Elle ne pouvait savoir, ni les proportions que l'affaire avait prises ici, ni les curieuses libertés que la rédaction en chef avait prises avec les mentions du reportage, notamment celles qui concernaient René Hardy.
Car ce qui m'apparaît clairement avec le recul et en ayant les deux pages commodément sous les yeux, c'est qu'il y a dans la version courte un début (jugement sur Baynac + affirmation qu'il n'y a pas eu de trahison dans la Résistance) qui ne se trouve pas du tout dans la version longue, et une fin qui, elle, s'y trouve (jugement sur Hardy, "vrai résistant"), ce qui signifie qu'il y a sans doute eu amalgame de deux textes.
J'en tire pour ma part cette conclusion : si on veut démontrer que Lucie a changé d'avis sur Hardy, fût-ce brièvement, il serait indispensable, en bonne méthode historique, de trouver quelque part une confirmation recoupant ce texte douteux, illogique et d'autant plus évidemment faux qu'il dit qu'elle a fait cette déclaration "une fois encore", mieux, qu'elle a "répété une fois encore" cette affirmation sur la non-existence de dénonciations "ni de la part de Jean Moulin, ni de celle de René Hardy".
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