Il n'est pas dit que Lucie ait été "compagne" mais le lecteur pourrait le comprendre par amalgame.
En revanche, j'ai enfin sous les yeux l'article du
Dauphiné libéré du 24 novembre 1998 dont Jacques Baynac s'était servi ici même pour prétendre que Lucie avait fini par reconnaître l'innocence de René Hardy, dans une "interview".
D'interview, point. Juste un reportage sur une visite de Lucie dans un établissement scolaire de la région. Pas une ligne n'est publiée sous la responsabilité de la conférencière, mais toutes le sont sous celle de la journaliste, Séverine Poncet. La nuance n'aurait pas dû échapper à Baynac : il ne s'agit pas d'une déclaration à la presse contenant une prise de position, mais de ce qui a été dit au hasard d'un débat pédagogique.
Mais qu'est-ce qui a été dit, au fait ?
Et quand elle parle de René Hardy, soupçonné de traîtrise, elle lève les yeux au ciel : un vrai résistant, celui-là. Paix à ses cendres. Pas vraiment ce qu'on appelle une réhabilitation, encore moins une critique, implicite ou explicite, de l'attitude passée de la locutrice !
Et il faudrait évidemment voir le contexte : supposez que juste avant il ait été question de Papon, à la "résistance" duquel Lucie ne croyait guère : elle aurait alors rangé Hardy, sans plus, dans la catégorie de ceux qui ont pris des risques, ce qui n'a jamais fait débat.
Je rappelle ce que nous en disait Baynac le 5 mars (
). Les mots qui ne sont pas en italiques sont complètements absents du texte que le journal m'a gracieusement adressé, et rien, sous une forme ou sous une autre, ne leur correspond :
La déclaration de Lucie Aubrac est dans le Dauphiné libéré du 24 novembre 1998. Après avoir falsifié le contenu de mon Les secrets de l'affaire Jean Moulin et m'avoir accusé, entre autres gracieusetés, de faire partie des "gens qui vivent à genoux", elle a, je cite:"accusé l'auteur de 'vouloir faire du fric sur l'une des vénements les plus glorieux de la Résistance.' Elle a répété une fois de plus qu' 'il n'y avait jamais eu de dénonciations' au sein de la Résistance, ni de la part de Jean Moulin, ni de la part de René Hardy,'un vrai résistant'. Chaque fois que quelqu'un a une grande valeur, ajoutait-elle, on essaie de le détruire. Ce qui caractérisa la Résistance, c'est la fraternité, pas la délation" Fin de l'article.
Devant cette découverte qui, je dois le dire, m'estomaque même si je m'attendais à quelque embellissement, je resterai prudent et souhaiterai, avant toute suite ou conclusion, m'assurer qu'il n'y a pas eu, dans une autre édition du journal, un autre reportage, qui serait une vraie interview de la résistante à l'occasion de sa venue dans la région. La mémoire de Baynac a pu aussi lui jouer des tours, lui faire mélanger plusieurs choses...
En ce jour d'hommage, il serait bon qu'il s'explique et noble, (à moins que l'hypothèse d'un deuxième article à la même date dans le même journal, contenant les faits et dires mentionnés par Baynac, se vérifie), qu'il reconnaisse ses torts : simple légèreté ou distorsion de la vérité pour une cause qu'il croyait bonne ?