Bonsoir,
C'est tout à l'honneur de nos sociétés démocratiques qu'elles ne se sclérosent pas dans le moule d'une pensée unique. La liberté d'expression ou d'opinion, privilèges précieux, ne se conçoivent pas sans sa nécessaire contre-partie: qu'elles soient accordées à tous. Que des engagements antagonistes se heurtent, il faut en assumer la responsabilité et en accepter les risques. Il en est ainsi de toutes les professions. Le choix d'un engagement opportuniste en fonction d'une carrière? Bof! A chacun sa conscience!
De 1934 à juin 1940, les engagements politiques ou idéologiques aussi exécrables soient-ils, s'exerçaient dans un cadre démocratique qui tolère la diversité et la pluralité. Faut-il s'en plaindre?
Dès juin 1940, c'est un Etat autoritaire qui s'installe. Tout engagement qui ne fait pas allégeance aux idées nouvelles est étouffé et leurs auteurs jetés en prison. Ecrivains et journalistes qui ont fait allégeance au régime honni tiennent le haut de pavé et le tiennent seul.
Il fut normal que soient réprimés durement les actes caractérisés et délibérés de collaboration avec l'ennemi. Les intellectuels et les écrivains échapperaient-ils à la règle? Beaucoup ont été très loin dans l'apologie du régime. Et c'est la diffusion de leurs écrits qui contribua le plus à l'égarement des esprits. Leur talent, leur sincérité ou même leur désintéressement pouvaient-ils être prétexte à leur accorder des circonstances atténuantes. Aveuglés ou dévoyés, la justice a-t-elle manqué de clémence?
Remarquons que beaucoup sont restés convaincus de leur bon droit. Face au poteau d'exécution, ils lancèrent un vibrant "Vive la France". Et je me permets de sourire lorsque je lis ailleurs qu'il paraîtrait à certains langages que leur "Mort pour la France" n'a pas la même valeur juridique. "Il paraîtrait"? Cela me semblait pourtant évident!
Bien cordialement,
Francis. |