La façon dont Hitler lui-même, repris par Chamberlain, caractérise sa différence (antisémitisme rationnel et non plus sentimental) n'est pas sans conséquence sur le sort des populations visées. Un bouc émissaire, on le persécute de diverses manières et on le tue à l'occasion, dans l'excitation d'un pogrom, ou au pire on en élimine une certaine fraction par une purification ethnique limitée dans le temps et dans l'espace mais, en gros, on le garde en vie, comme un élément d'équilibre nécessaire à la société.
L'idée d'en nettoyer patiemment et rationnellement la surface d'un pays, c'est très neuf, et jusqu'ici, heureusement, limité à la période et à la sphère de domination hitlériennes.
Même si, à mon avis, le nazisme et les leçons insuffisantes qu'on en a tiré ont rendu plus brutaux et systématiques les fichages et nettoyages d'après 1945.
Mais tous les Drumont du monde et de France n'ont pas empêché les terrifiantes violences verbales de l'affaire Dreyfus de se traduire par zéro mort.
On peut en dire autant de l'éducation catholique à l'ancienne, qui a rendu l'abbé Pierre peu critique envers les affabulations de Roger Garaudy. On hait, on méprise, on est prêt à gober de grossières fables mais on ne génocide pas.
Oui, il fallait un Hitler.
Oui, sa disparition détend l'atmosphère et laisse un peu de temps pour réparer les dégâts. A condition de s'y mettre. |