Il n'y a pas si longtemps, Histoire et Littérature n'étaient pas séparées comme aujourd'hui. Bien sûr, la précision historique en souffrait. Ce qu'on nommait alors les Humanités, une appellation noble, était le tronc commun originel qui rassemblait les disciplines au lieu de les opposer, parfois de manière excessive comme on le fait aujourd'hui. Avec les très légitimes prétentions scientifiques des historiens, la dimension encyclopédique des humanités s'est perdue. Or, il me semble que pour aborder la critique posée d'un roman comme Les Bienveillantes, le rappel de ce tronc commun où furent forgés les premiers outils d'analyse peut être utile.
Une remarque : je trouve étonnant que ceux des historiens qui reprochent aux romanciers - mais aussi aux scénaristes, réalisateurs, etc. - leur manque d'exigence et donc de précision historienne attaquent sans nuance un auteur qui a précisément accumulé une documentation sur les Eisatzgruppen aux sources les plus solides ? Le livre de Littell est sans doute à ce jour le roman historiquement le plus précis, le mieux documenté sur l'extermination à l'Est et pourtant, ça ne va toujours pas. J'ai le sentiment que c'est l'envie de "se faire" un best seller qui motive certains critiques au détriment de l'honnêteté intellectuelle. Un peu navrant, non ?
RC |