Les commentaires de Leon sont intéressants et, dans l'ensemble, me paraissent justes, sauf quand il parle d'une école intentionnaliste. Si le fonctionnalisme a un chef historique, Broszat, flanqué d'un disciple principal, Mommsen, et d'une postérité foisonnante (Browning, Kershaw, Frei...), du côté de l'intentionnalisme les personnalités sont plus distinctes et isolées : peu de choses en commun entre un Jäckel et un Hillgruber, sinon une attention à Mein Kampf bien supérieure à celle du fonctionnaliste moyen. D'autre part, les repères sont brouillés par la qualification d'intentionnaliste donnée à des auteurs qui s'intéressent uniquement à la datation de l'intention génocidaire, et l'estiment précoce, comme Lucy Dawidowicz.
Quant à votre serviteur, il veut bien qu'on le dise intentionnaliste à condition de ne l'assimiler à aucun des précités ! Il préfère se poser en adversaire résolu du fonctionnalisme (tout en reconnaissant au cas par cas la fécondité de certains de ses travaux). Et en adversaire plus ferme encore de l'idée, rémanente depuis au moins vingt ans, que la querelle est dépassée et que l'heure est à une harmonieuse synthèse. C'est là une thèse, en fait, fonctionnaliste, provenant de la gêne des épigones devant les excès de Mommsen et de Broszat, qu'ils n'osent cependant critiquer.
En conclusion (provisoire), le nazisme est une entreprise dirigée d'en haut avec une grande maîtrise, faute de quoi elle n'aurait pu aller bien loin, et un hypnotisme collectif, mis en oeuvre par un manipulateur précis et identifiable, aux tours d'ailleurs assez stéréotypés. |