(...) "Et puis un beau jour … c’était un beau jour, en effet, l’attaque était partie et bien partie. Il revenait joyeux à son poste de commandement après avoir inspecté ses premières lignes quelques kilomètres avant Champagney. Il conduisait sa jeep comme d’habitude. Il faut bien avouer qu’il conduisait comme un fou. En prenant un virage sur un pont que le Génie divisionnaire était en train de réparer, il dérapa sur le revêtement de bois, franchit le parapet et tomba dans le lit d’un torrent tumultueux, grossi par la pluie, au volant de sa voiture qu’il n’avait pas lâché.
Comme il arrivait, partait, revenait, reparaissait partout dans sa vie, le Général BROSSET entra en trombe dans la mort. Alors disparut, dans le feu de l’action, ce chef d’une ardeur peu commune. La nature lui avait dispensé avec abondance ce que tant d’hommes voudraient posséder à un moindre degré : la vigueur physique, intellectuelle, morale et le caractère, au sens le plus complet du mot. Toutes ces qualités, il les possédait à profusion comme des ressources inépuisables.
Et parce qu’il avait du cœur, un grand noble cœur, il répandait ces richesses avec prodigalité autour de lui, c’est-à-dire aux magnifiques garçons, cadres et troupes, dont il avait fait ses compagnons et dont il n’entendait pas s’éloigner.
La France perdait avec lui une force rayonnante qui était, ne voulait être et ne fut qu’à son service."
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