Jean-Louis Crémieux-Brilhac, dans l'article qu'il consacre à Leclerc souligne quelque chose de fondamental dans l'attitude de de Gaulle et de Leclerc :
"Le ralliement du capitaine Philippe de Hauteclocque est d'une singularité qui s'apparente à celle du geste de Da Gaulle.(...) Pour continuer le combat, il s'est évadé deux fois, il a traversé une partie de la France à bicyclette, il a franchi plusieurs fois dans un sens et dans l'autre la ligne de démarcation. Il est parti, malgré l'intronisation du Maréchal, malgré Mers el-Kébir. (...) Cet officier (...) n'a pas mûri pendant des années, comme De Gaulle, la somme de réflexions politiques, stratégiques et tactiques qui l'ont conduit à rompre avec la discipline."
La décision du capitaine est irrévocable et par sa "radicalité" rejoint le choix de De Gaulle.
Crémieux-Brilhac ajoute plus loin :
"De Gaulle aurait pu se contenter d'appeler à poursuivre la lutte, tout en admettant la nécessité de l'armistice. Les Français l'auraient, sur le moment, beaucoup mieux compris. Or, la condamnation qu'il porte est totale : l'armistice est le PECHE ORIGINEL, tous les actes subséquents et le maréchal Pétain lui-même sont marqués, de ce fait d'une tare ineffaçable. (...) Cette RADICALITE de De Gaulle envers le Maréchal et Vichy, qui sera celle de la France libre, Leclerc la partage."
Il est bon de rappeler les enjeux d'un refus sur lequel Leclerc rejoint De Gaulle sans hésitation.
Amicalement,
René Claude |