Faut il classifier l'inclassifiable? Ceux qui ont bénéficié d'une parodie de justice, d'un tribunal, d'une sentence, d'une exécution "légale" sont ils plus (ou moins) victimes d'un déni de justice? Les exécutions sommaires massives, au Vercors et ailleurs, les victimes d'Oradour, Mandel flingué en toute discrétion, ou Victor Basch, ont ils démérité, de ne pas avoir eu de juge? Et les victimes du nazisme, qui se sont eux même tués? Pierre Brossolette n'a pas eu de tribunal, ni Herchel Grynzpan, remis aux Allemands et décapité à la hache.
Jean Moulin, n'ayant pas été fusillé doit il être retiré de la liste des victimes? Et Harry Baur, battu à mort, et rentré crever chez lui?
La démarche qui motive cette recherche ne paraît pas innocente. Elle tend à alléger le souvenir des victimes du nazisme, et à minimiser la barbarie. Ce n'est que mon opinion, mais je la partage. Faudra-t-il aussi faire le distingo entre ceux qui ont été exécutés par la salve, ou par le coup de grâce, en tirer des statistiques?
Quand on aura établi que les fusillades officielles n'ont porté "que" sur quelques milliers de victimes, il se trouvera déjà un "nouvel historien" pour clamer que l'occupation allemande fut d'une grande mansuétude (un politicard français a déjà tenté cette chansonnette) comparée aux innommables excés de l'épuration.
C'est peut être faire un procés d'intention, mais quand c'est marron et que ça pue, l'expérience m'a enseigné que c'est rarement du Nutella. |