L'assaut d'une petite partie du 132ème Régiment de chars de la division blindée italienne "Ariete" ("Bélier", en souvenir de la terrible arme de siège romaine)contre les défenses de Bir Hakeim est bien connu. La littérature française ne manque pas sur ce sujet, retraçant le plus souvent avec une précision et une rigueur historiques incontestables ce combat bref mais violent. De l'avis de ceux qui subirent l'assaut italien, l'ennemi fit preuve d'un grand courage et il aurait même pu emporter la décision.
Ce que l'on connait moins, voire pas du tout, en revanche, c'est la raison pour laquelle l'"Ariete" se présenta devant les positions françaises. C'est là que le bât blesse... . Contrairement à ce que peuvent prétendre Koenig, les vétérans et la plupart des récits de vulgarisation historique, la prise des positions françaises de Bir Hakeim ne fut pas assignée aux Italiens par mépris des Français! Bien au contraire! Rommel savait que les FFL étaient bien retranchés et les prestations de l'"Ariete" avaient été si satisfaisantes depuis son arrivée en Afrique que le chef du DAK la jugeait apte à s'acquitter de cette tâche ardue. Non, le "fameux" papier retrouvé sur le colonel Prestisimone indiquant que "les Français devaient êre liquidés en 1/4 d'heure par le 2ème Brigade (sic) de l'Ariete" n'a jamais existé (il n'y a d'ailleurs pas de "2ème Brigade"!!). Les faits se produisirent ainsi: à 7h30 le 27 mai 1942, les 8ème et 9ème Btaillons du 132ème Régiment de chars de l'Ariete montèrent à l'assaut contre la cote 171, que les Italiens croyaient être les positions françaises. Ils y rencontrèrent la 3ème Brigade motorisée indienne du général Filose. La présence indienne n'étonna guère les Italiens puisque les Français auraient parfaitement pu être renforcés. La résistance indienne fut coriace et le 12ème Bataillon du 8ème Régiment de Bersaglieri (l'équivalent des Panzergrenadieren) intervint. Moins d'une heure plus tard, tous les canons antichars indiens avaient été détruits, 453 hommes tués et 600 faits prisonniers (dont un vieil amiral!), mais pour la perte de 25 chars. C'est à ce moment là que les Italiens s'aperçurent qu'ils s'étaient trompés de cible... et à 8h15, les premiers M13/40 de Prestisimone (9ème Bataillon), qui venaient de soutenir un rude combat, se trouvèrent inopinément devant les barbelés et les champs de mines français et, à 9h00, l'ancien combattant de la Grande Guerre lança ses "bare d'acciaio" (les "cercueils d'acier", surnom dû au mauvais blindage des M13/40) à l'assaut (il eut trois chars détruits sous lui et fut grièvement blessé) . La suite, nous la connaissons. Mais qui parmi vous avait eu vent des "prémices" de la bataille? |