Bonjour,
Pétain et son régime, privés des relais démocratiques que sont les élus, s'inquiétaient de son "image de marque". Pour sonder l'opinion publique et connaître ses sentiments, le régime institua les "contrôles techniques". Cette énorme machine administrative se consacrait - avec zèle et dévouement, faut-il le préciser - à ouvrir les courriers et à en tirer toute la substance selon des méthodes rigoureuses dignes des instituts de sondage actuels. Les lettres étaient prélevées dans les centres de tri, au hasard ou sur instructions. Une surveillance particulière de la correspondance de certaines personnes était demandée aux préfets.
Les lettres étaient ouvertes à la vapeur, soigneusement inventoriées, répertoriées et exploitées selon des grilles thématiques. Les thèmes principaux, que les censeurs étaient tenus de relever, concernaient le prestige du chef de l'Etat, l'adhésion à la collaboration, les questions d'actualité...
Le dépouillement terminé, le lettre étaient refermées et expédiées vers leurs destinataires par les circuits habituels.
Cité par Pierre Laborie, Denis Peschanski évalue à une fourchette des 320.000 à 370.000 le nombre de lettres lues et exploitées en moyenne chaque semaine. Au mois de décembre 1943, ce ne sont pas moins de 2.500.000 lettres, 1.800.000 télégrammes et 21.000 conversations téléphoniques qui ont ainsi été interceptées. Un record ?
A se demander s'il existe une relation de cause à effet entre la délation par la population (3 à 5 millions de lettres de dénonciation) et la violation du secret de la correspondance par le régime à Pétain.
Bien cordialement,
Francis. |