Bonsoir, bonjour,
"Chaque homme qui meurt à la guerre est toujours un mort en trop..." c'est John Huston qui dit ces mots dans un film dont j'ai oublié le titre. Dans des combats fratricides,c'est encore plus douloureux et pourtant de Gaulle et Leclerc firent tirer...parfois sur des Français par la faute des chefs d'un Etat corrompu politiquement et militairement. On lit ici ou là des essais plus ou moins mordants qui tentent de réhabiliter l'attitude de certains chefs de la "coloniale" que l'on veut nous présenter comme des serviteurs apolitiques de la présence française outre-mer...Persuadés du bien-fondé des ordres de Vichy, ils firent tirer sur les groupes de Français Libres ou les firent jeter en prison, oubliant complètement qui et où était l'ennemi véritable entre 40 et 43.
La libération totale du territoire imposa des décisions brutales mais limitées dans la mesure où les officiers vichystes acceptaient ou non de rejoindre la France Libre et les Alliés. Alors on peut déplorer ces 20 morts du Gabon mais ils furent le terrible prix à payer pour que ces rebelles partis des quatre coins du vieil empire puissent poursuivre leur lutte.
Avec un Leclerc, qui ne reprit pas son nom de Hautecloque à la Libération, les officiers de l'ancienne armée n'avaient pas pu ou pas voulu comprendre que c'était un nouvel esprit qui était né dans les âpres déserts d'Afrique et les brumes anglaises.
En Indochine Leclerc coaché par un Jean Sainteny brillant et très bien informé réussit à limiter les conflits, prévoyant la cassure définitive si le gouvernement français persistait dans son attitude du "Non !" aux exigences d'autonomie des peuples dominés.
Mais là encore, les gardiens du vieil ordre colonial qu'ils croyaient immuable eurent raison sur ceux qui prônaient la discussion dans le respect de l'autre. Il faut lire les témoignages de Jean Lacouture , jeune reporter aux armées, qui écrivait ses premiers papiers en suivant Leclerc, Sainteny, et celui qui n'était pas encore l'insaisissable "oncle Ho" pour "Caravelle", le feuille du corps expéditionnaire....
On pourra se demander longtemps quels auraient été les choix de Leclerc si son avion ne s'était pas écrasé en 47... Je crois que sa disparition fit perdre des années et surtout trop d'hommes sincères dans les guerres de la décolonisation.
Amicalement,
René Claude |