Georges Mandel et la petite Histoire - Témoignage sur une catastrophe - forum "Livres de guerre"
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Témoignage sur une catastrophe / Edward Spears

 

Georges Mandel et la petite Histoire de Francis Deleu le jeudi 27 juillet 2006 à 17h45

Bonsoir,

Georges Mandel et la petite Histoire? Son destin mérite de figurer dans la grande Histoire.

Edward Spears entretenait une relation amicale avec Georges Mandel. Ce dernier, lucide sur les dangers de nazisme, avait déjà protesté contre les accords de Munich. En 1940, Ministre de l'intérieur sous le gouvernement de Paul Reynaud, Mandel, en plein accord avec le général de Gaulle, sera partisan du "réduit breton" et ensuite du repli du gouvernement en Afrique du Nord. Enfin, il ne votera pas l'octroi des pleins pouvoirs à Pétain.
Georges Mandel dont le nom était connu et dont la voix avait plus de poids auprès de l'opinion publique que celle du général de Gaulle, est pressenti par les Britanniques pour rejoindre l'Angleterre en compagnie du général de Gaulle
Nous sommes le dimanche 16 juin 1940. Edward Spears se rend au domicile de Georges Mandel. Le récit est émouvant :

**** [...] je suppliais Mandel de s'envoler avec de Gaulle et moi, le lendemain matin, ou de s'embarquer sur le destroyer. Comme il ne disait rien, je me rappelais la dame à laquelle on le disait profondément attaché, je lui dis qu'il aura deux places pour lui, malgré la peine que nous avions à cases nos compatriotes.
Comme il ne répond toujours pas, j'explique que j'ai parlé à Churchill, il y a une demi-heure, et que je lui ai fit que j'allais lui poser la question. "Renaud a refusé de venir", continuais-je et je répétais obstinément : "Il faut une voix autorisée, qui n'ait jamais accepté la capitulation, pour soulever l'Empire".
"Je vais y réfléchir", dit Mandel.
Je persiste en disant que je veux tout arranger, avant de partir, et tout à coup, je me rappelle qu'il est juif. Je me souviens de la terreur que j'ai constatée chez d'autres juifs, ce jour-là et je me rends compte du danger qu'il court, lui spécialement, pour lequel les Allemands ont proclamé leur haine. Ils savaient quelle valeur représentait cet adversaire implacable et intelligent. Je sais aussi qu'il n'y a pas d'acte assez vil auquel on ne puisse s'attendre de la part de certains défaitistes. Est-ce qu'un homme qui venait de trahir l'honneur de sa patrie hésiterait à trahir un collègue ?
Comme s'il lisait ma pensée, il dit: "Vous êtes inquiet pour moi, parce que je suis juif. C'est justement parce que je suis juif que je ne partirai pas demain; j'aurais l'air d'avoir peur et de prendre la fuite. Mercredi, peut-être."
"Ce sera peut-être trop tard."
"Je ne partirai pas demain."

A ce moment, une petite porte s'ouvre, en face de nous, à notre bout de la galerie. Il devait y avoir de nombreuses bougies dans la pièce qui nous apparaît alors et leur lumière joue dans les cheveux blonds d'une femme. Je devine, plus que je ne reconnais, les traits agréables et potelés de Mlle Bretty qui jetait un coup d'oeil par l'entrebâillement de la porte. Elle nous regarde tous les deux et j'entends sa voix, pour la première et la dernière fois. C'est une voix charmante, gaie, amicale, que je n'ai pas oubliée. Son ton a une légère inflexion d'insistance gentille, comme celle d'un enfant qui tend les bras pour qu'on le prenne. "Les malles sont faites, Georges," disait-elle. Avait-elle entendu un écho de notre conversation, dans la grande pièce silencieuse et espérait-­elle que Mandel accepterait mon offre ? Je ne sais pas. La porte se referme. Je me lève: "A bientôt, à très bientôt, à Londres, j'espère, dis-je".

Je ne l'ai jamais revu. Il a été assassiné par Vichy le 7 juillet 1944. Il avait été remis aux Allemands, en même temps que Reynaud, en novembre 1942 et ils l'avaient rendu au gouvernement de Vichy. La triste opinion que j'avais conçue de la bande de Vichy, à sa création, fut sinistrement jus­tifiée. ****

Bien cordialement,
Francis.

*** / ***

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