Je sais, c'est encore assez long... - L'Allemagne de Hitler - forum "Livres de guerre"
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L'Allemagne de Hitler / collectif

En réponse à -2
-126 janvier 1934 de G.P.

Je sais, c'est encore assez long... de Nicolas Bernard le samedi 27 mai 2006 à 15h29

Je reproduis ici un extrait d'un très long article initialement destiné à être publié sur www.1939-45.org :

Que la Pologne ait été l’une des victimes des barbaries nazie et soviétique ne saurait faire oublier les écarts peu démocratiques de son gouvernement dans les années qui ont précédé le conflit. Née dans la guerre (l’effondrement du tsarisme, les affrontements entre Allemands, Bolchéviks et Blancs), la Pologne virera très vite vers la dictature militaire fondée sur un nationalisme expansionniste.

Elle fait en effet partie des nouveaux Etats issus de la défaite des Puissances centrales en 1918. Mais un Etat géographiquement mal situé, entre l’Allemagne et la Russie, ce qui modèlera toute la politique étrangère de Varsovie. Les Polonais n’ont certes pas oublié les précédents partages de la Pologne, de 1772, 1793 et 1795, entre la Prusse, l’Autriche et la Russie. Le contentieux demeure vivace entre ces pays. D’autant qu’il est aggravé par le tracé des frontières.

Le 26 avril 1920, en effet, l’armée polonaise, à la fois pour devancer une hypothétique offensive communiste et dans l’intention de profiter de l’affaiblissement russe pour s’emparer de l’Ukraine, prend l’offensive et s’empare de Kiev. Victoire de courte durée, car l’Armée rouge, dirigée par la troïka Toukhatchevski/Kamenev/Staline reprend vite le dessus, et reconquiert le territoire perdu, pénétrant même en Pologne. Mais le manque d’expérience des soldats et des officiers russes, l’absence d’unité du haut-commandement (Staline décidant de s’emparer de Lemberg au lieu de soutenir Toukhatchevski dans sa marche sur Varsovie), l’allongement des lignes de communications et un ultime sursaut national des Polonais (aidés en cela par des conseillers militaires français, dont le général Weygand) permettent à ces derniers de briser la contre-offensive rouge.

Conséquence : le traité de Riga, signé le 18 mars 1921, permet à la Pologne d’étendre ses territoires vers l’Est, alors que les Occidentaux avaient prévu de limiter cette expansion à la ligne Curzon. Les Polonais font main basse sur la partie occidentale de l’Ukraine et de la Russie blanche : Brest-Litowsk, Pinsk, Lemberg et Tarnopol. Le leader militaire polonais, le maréchal Pilsudski, annexe en outre Vilnius en octobre 1920, ainsi que toute la Lituanie centrale. Ni les Soviétiques, ni les Lituaniens ne l’oublieront. Le Commissaire soviétique aux Affaires Etrangères, Maxime Litvinov, pourtant modéré, ne cachera pas son amertume à l’ambassadeur américain Bullitt en 1939, en désignant ces territoires perdus : « Rien de ce que vous voyez ici n’est polonais. Tout est russe et le redeviendra. »

Autre source de contentieux : le Corridor de Dantzig. Les Occidentaux avaient eu pour objectif d’offrir à la Pologne, qui ferait contre-poids à l’Allemagne, un accès à la mer, via le port de Dantzig, accompagné d’un hinterland pour le moins modeste mais pas aux yeux des Allemands, puisqu’il incluait la Posnanie, une partie de la Haute-Silésie et de la Prusse orientale. Soit 630 000 Polonais et 620 000 Allemands, fortement implantés au nord.

En 1919, la population de Dantzig et de ses alentours comprend 331 000 habitants, dont 96 % d’Allemands et 4 % de Polonais. Mais il est prévu de céder ce port à Varsovie. A l’opinion du Premier ministre britannique, Lloyd George, qui estime qu’il s’agit là d’un territoire spécifiquement allemand, les Polonais ont objecté des arguments ethniques et historiques jugés suffisamment convaincants pour être considérés comme recevables. Devant les protestations allemandes, un compromis est trouvé : Dantzig sera une Ville libre, administrée par la Société des Nations. « On créa donc, écrit le dernier Haut-Commissaire de la SDN en poste à Dantzig, Carl J. Burckhardt, un Etat miniature privé d’indépendance réelle et disposant de droits souverains fort relatifs. Une partie importante de ces droits fut cédée à la Pologne. Quant au statut de Dantzig, qui semblait fait tout exprès pour susciter de perpétuels conflits, on y incorpora encore la SDN comme garante, nantie de droits impossibles à appliquer en cas de litige. Ni la Ville libre, ni la République polonaise, ni la SDN, ne possédait d’attributions très définies. Jamais une solution sans équivoque, voire rigoureuse, du problème portuaire polonais, n’eût impliqué les dangers que la Ville libre de Dantzig, dès sa naissance, entraîna pour la République polonaise et pour la paix. » (Burckhardt, Ma mission à Dantzig, Fayard, 1961, p. 24).

Malgré la présence d’une garnison polonaise, et d’une très réduite administration internationale dirigée par un Haut-Commissaire (nommé par le Conseil de la SDN pour trois ans renouvelables) chargé de régler les litiges opposant la Ville livre à la Pologne, ce sont les Allemands qui mènent le jeu et refusent de s’intégrer, du moins au départ, dans la sphère d’influence de Varsovie, à tel point que les Polonais seront contraints de bâtir un autre port, Gdynia, avec l’aide de capitaux français. Il faudra neuf ans à cet ancien village de pêcheurs pour voir le chiffre de ses transactions commerciales dépasser celui de Dantzig. En attendant, la Ville libre se dote d’une Constitution calquée sur le modèle de Weimar, le 11 mai 1922.

L’Allemagne n’admet guère cet état de fait, mais en raison de l’effondrement de sa puissance militaire et économique dans les années 20, elle ne peut que laisser faire. Mais elle songe à une liquidation militaire du problème. Pour preuve, les propos tenus par le chef de la Reichswehr, le général Von Seeckt : « L’existence de la Pologne est intolérable. Elle est incompatible avec les exigences vitales de l’Allemagne. Elle doit disparaître – avec notre aide – sous les effets conjugués de sa propre faiblesse interne et de la Russie. »

Faiblesse interne ? La Pologne a, il est vrai, fait l’expérience du système parlementaire, inadapté apparemment puisqu’il sera renversé en 1926 par l’armée.

Tout avait pourtant bien commencé. Le chef militaire Pilsudski, maréchal de son état et ancien militant socialiste, avait renoncé au pouvoir suprême en 1922 et laissé le parlementarisme s’installer sans heurt. La Constitution de 1921 visait à se prémunir d’un éventuel retour du césarisme au pouvoir, après le départ du maréchal, et ressemblait assez aux lois constitutionnelles françaises de 1875 qui avaient fondé la IIIe République : deux Chambres élues au suffrage universel, et aux pouvoirs étendus (puisque désignant le Président de la République). L’instabilité ne tarde pas, aucun des trois grands partis (nationaux-démocrates à droite, socialistes à gauche, populistes divisés entre les deux grandes tendances) ne parvenant à obtenir la majorité, ce qui aboutit à des coalitions intenables… Même schéma qu’en France, donc, quoique aggravé par l’absence de véritable culture démocratique en Pologne après les cent-vingt années d’occupation étrangère et l’intermède Pilsudski. Par ailleurs, la situation économique est loin d’être brillante : le cours de la monnaie chute, la réforme agraire est mal appliquée, les conflits sociaux se multiplient (on en veut pour preuve les grèves sanglantes de Cracovie), la reconstruction du pays grève le budget.

Une situation explosive, par conséquent, qui se traduit par le renouveau du nationalisme, alimenté par l’anticommunisme. Le premier Président de la République, Gabriel Narutowicz, est assassiné le 16 décembre 1922 par un écrivain d’extrême-droite. La complicité des milieux nationaux-démocrates ne faisant à l’époque aucun doute, la tension s’accroît au sein du système partisan. La décision du nouveau Président Stanislaw Wojciechowski, le 9 mai 1926, de nommer Wincenty Witos, représentant le mouvement populiste, à la tête du gouvernement met le feu aux poudres. Le maréchal Pilsudski, croyant au coup de force national-démocrate, marche sur Varsovie avec trois régiments, le 12 mai 1926. Il lui faudra trois jours de combats pour se rendre maître de la capitale.

Une seconde fois, Pilsudski dispose du pouvoir absolu, une seconde fois il le refuse, se contentant du Ministère de la Guerre et du poste d’Inspecteur général de l’Armée, qui lui permet de rester l’homme fort du régime, mais en coulisses. L’exécutif est renforcé, avec l’attribution d’un droit de dissolution par le Chef de l’Etat. Portant peu les partis dans son cœur, Pilsudski tente de maintenir l’Union nationale. Son « Bloc sans parti en vue de la coopération avec le gouvernement » remporte les élections de 1928 mais sans obtenir la majorité absolue. Deux ans d’instabilité et une dissolution du Parlement plus tard, le parti gouvernemental remporte à nouveau les élections, triomphalement cette fois, ce qui accroît la dérive autoritaire du régime. La liberté de la presse, bien existante jusqu’en 1929, est de plus en plus contrôlée, tout comme le droit d’opposition (des membres du parti socialiste sont arrêtés dès 1930). Un antisémitisme de plus en plus avoué se répand dans l’administration.

Pilsudski meurt le 12 mai 1935. La nouvelle Constitution, promulguée la même année, consacre la prééminence de l’exécutif sur le pouvoir législatif. Mais la crise entre démocrates et partisans d’un durcissement du régime se maintient. Le gouvernement dit « des Colonels », dirigé officieusement par le général Edward Rydz-Smigly et Josef Beck comme Ministre des Affaires Etrangères, suit la logique inspirée par son prédécesseur (se basant sur le fameux Testament de Pilsudski). A savoir un gouvernement fort, un nationalisme d’exclusion, et une diplomatie « polonaise ».

La Pologne est en effet entourée d’ennemis : l’Allemagne, l’URSS, la Lituanie, la Tchécoslovaquie, qui possède le territoire à forte majorité polonaise de Teschen. La France est son alliée militaire, mais les dirigeants polonais s’en méfient. Pilsudski, par exemple, est ressorti déçu par le manque d’empressement français à mener une guerre préventive contre l’Allemagne dès la prise du pouvoir de Hitler, en 1933. Déception doublée d’une incompréhension devant les tentatives du Quai d’Orsay d’obtenir une alliance avec Staline, ce qui aboutira au pacte franco-soviétique de 1935. Josef Beck, Ministre des Affaires Etrangères depuis 1932, a des raisons d’en vouloir aux Français : en 1922, alors qu’il était attaché militaire à Paris, ces derniers l’ont expulsé pour activités d’espionnage…

Coup de tonnerre le 26 janvier 1934 : Hitler et Pilsudski concluent un pacte d’amitié et de non-agression valable dix ans. Hitler a passé outre les récriminations des nationalistes, préférant attendre son heure pour liquider le problème polonais. Ce pacte lui permet de se faire bien voir des industriels et des financiers allemands, pour qui cette détente est, d’un strict point de vue commercial, une aubaine. Quant à Pilsudski, il a vite changé d’avis sur le nouveau Chancelier, celui-ci préférant apparemment placer l’antisoviétisme au dessus des considérations frontalières…

« Méfiez-vous des Tchèques », aurait dit le vieux maréchal la veille de sa mort. Josef Beck, le maître d’œuvre de la diplomatie polonaise, va immédiatement mettre en pratique ce point de vue. Dès le 9 juillet 1935, il rencontre Hitler pour confirmer le pacte de 1934. « Ma conversation avec Hitler m’a fait la meilleure impression, déclare le Ministre après l’entretien. Hitler m’est apparu comme étant absolument sincère dans ses idées politiques, et très direct dans ses raisonnements. » Beck a été joué. Il ne se remettra jamais de ce marché de dupes. Et la Pologne pas davantage.

Car elle va s’enferrer dans une politique « polonaise » : distanciation avec l’URSS, amitié avec l’Allemagne. Varsovie ne bouge pas lors de la remilitarisation de la Rhénanie, lors de l’Anschluss, et refuse de soutenir le Tchèques lors de la crise des Sudètes, participant même au partage des dépouilles avec les Allemands et les Hongrois en annexant la région de Teschen.

On connaît la suite.

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