L'affaire de "L'Affiche rouge" a longtemps été l'un de ces points sensibles autour desquels s'est déroulée la guerre des mémoires entre le PCF et les gauchistes. Les jeunes gens d'extrême gauche de la génération 68, romantiques exaltés par ceux qu'ils avaient un peu vite adoptés comme des modèles(*), lisaient sans aucune preuve dans la chute des réseaux de la MOI un lâchage du PCF clandestin. Cette thèse fut soutenue durant plus de 20 ans. Elle reposait sur un constat précis : le PCF en rentrant dans la Résistance en juin 1941 n'avait eu cesse d'affirmer un patriotisme sans faille. A la Libération, la direction du PC devait pourtant reconnaître que ses groupes armés les plus en pointe avaient été formés de militants juifs, d'immigrés arméniens, roumains et d'ex-combattants espagnols. A un moment où chaque composante de la Résistance se voulait plus national(iste) que les autres, ces militants ne cadraient pas vraiment avec les Dupont et Martin ! De là à affirmer qu'il y eut une trahison interne au PCF, c'était un pas grave qu'il fallait prouver. Les recherches de Denis Peschanski démontrent que si un cadre a effectivement identifié ses camarades pour les RG, c'est avant tout la redoutable efficacité des agents des brigades 1 et 2 (des RG) qui détruisit les groupes de combat FTP-MOI au point qu'il faudra au PCF des mois avant de reprendre pied sérieusement sur le plan militaire en Ile-de-France.
RC
(*) Le "CRS = SS" était ridicule, voire injurieux, de même que la comparaison entre la république gaullienne crépusculaire et le Paris occupé par l'armée nazie ! |