André Audibert n'est pas cité. En réalité, le récit des souvenirs de R. Aron à Aldershot n'occupe que quelques paragraphes dans ses "Mémoires" rédigés en 1983. Galley et François Jacobs n'étaient, en 1940, que des compagnons parmi d'autres. C'est leur renommée, à posteriori, qui explique que R. Aron les cite dans son ouvrage.
Un épisode cependant qui marqua R. Aron et dont pourrait se souvenir les anciens de la compagnie des chars. Je te le reproduit in extenso.
*** Un dimanche, en fin d'après-midi, un aspirant arriva. Il y avait un lit vide dans ma chambre, il s'y installa. Nous bavardâmes l'après-midi et la soirée. Le lendemain matin, il me demanda l'heure, d'une voix encore ensommeillée. "Sept heures moins vingt." J'entendis sa réponse: "Déjà sept heures moins vingt!" Je quittai la chambre pour ma toilette; quand je revins il était mort, le revolver au bas de son lit. Probablement s'était-il fixé l'heure limite à sept heures. Du Maroc, il avait gagné l'Angleterre pour continuer le combat. Pourquoi ce suicide? L'enquête eut lieu devant un coroner; je témoignai, accompagné par un aide-médecin, étudiant en médecine, François Jacobs. Le coroner conclut au suicide, commis en état de "disturbed mind". ***
Bien cordialement,
Francis. |