8 novembre 42 au 1er janvier 43 EXTRAITS
***Certes, il faut dès maintenant une entente, en sous-main avec de Gaulle. Certes, il faudra une entente complète au grand jour, après la Vstoire! Ah, puisse-t-on ne pas oublier alors les leçons de la défaire de 1940, l'ignoble aveulissement des caractères, dû a la plus sinistre des politiques, à nos renoncements depuis 1920, dûs à cette même politique, à cette condamnation d'un régime fini, pourri, perdu, a changer, qu'on le veuille ou non. La France va-t-elle rentrer dans ce bourbier ? Non, Dieu est là! Dieu et Jeanne d'Arc nous gardent!***
1er janvier 43
***Moi aussi j'ai désobéi, parce que mon devoir et ma concience de Français m'ont paru supérieurs à mes devoirs courants. Notre devoir est maintenant de rétablir les choses dans l'ordre et dans la discipline, d'oublier ceux qui ne nous comprenaient pas, de nous unir à eux. Il faut faire bloc contre l'ennemi, il faut refaire la France. Vous voulez faire une politique ? De Gaulle c'est de la politique.
N'oubliez pas qu'il y a tant de Français opposés a cette politique. N'oubliez pas la politique qui nous a conduits a la défaite, et qui en est la première responsable... Et je (lui) rappelle tout ce que ma présence à l'Etat major de l'Armée de 1932 a 1937 m'a permis de voir, d'entendre, de constater. "Pas un sou, pas un homme" déclarait Daladier au Conseil Supérieur de la Guerre en 1936.***
14 mars 43
***Grosses discussions a table avec Plas à propos du procès de Riom; je fais, à table, celui de la République, comme l'avait déclaré Blum dans sa défense à Riom. Je lui fais toucher du doigt que j'ai agi le 8 novembre pour la France seule, mais que, plutôt que de revenir à la troisième Gueuse, je serais prêt- pour les mêmes raisons - a descendre dans la rue.
Vision rétrospective de cette ignoble période 1932/1937, que j'ai vécue au Ministère comme Chef de la Section d'Afrique, en contact avec la crapulerie des hommes politiques et la faiblesse des chefs militaires. "Ce n'est pas à nous de juger des décisions à prendre", m'avaient dit Conne et Dumas, au moment de me quitter le 8 novembre, pour rentrer dans l'obéissance. "C'est précisément ce que je sais, ai-je répondu à Dumas, que les chefs militiares n'en ont jamais prises et ont ainsi causé la défaite, que je prends, de moi-même, une décision aujourd'hui".*** |