J'ai retrouvé une note de lecture de la bio de Gérard Lebovici. J'ai écrit :
Au début des années 70, la nébuleuse de l'ultra-gauche et certains groupuscules libertaires eurent des accointances douteuses. A cette époque, Gérard Lebovici fut sollicité par le propriétaire de la librairie "La Vieille Taupe", Pierre Guillaume, qui tente de le convaincre d'éditer "Le Mensonge d'Ulysse" de Paul Rassinier. Nichée rue des Fossés-Saint-Jacques, La Vieille Taupe a été depuis 1964 la librairie de l'ultra-gauche - rivale de la Joie de lire qu'anime François Maspero -, en particulier des situationnistes, mais dès 1966, ces derniers ont pris leurs distances avec leur imprévisible propriétaire. Pierre Guillaume (...) fait partie de ces anciens gauchistes qui renient Marx, Mao et Lénine pour afficher un scepticisme radical vis-à-vis de toute vérité officielle, y compris de la réalité des chambres à gaz. Lié à René Lefeuvre, directeur-gérant des "Cahiers Spartacus", il s'est entiché du "Mensonge d'Ulysse", livre d'un libertaire antisémite(*), ancien déporté à Buchenwald, qui juge que les chiffres du génocide perpétré par les nazis sont excessifs. Il rééditera lui-même cette référence absolue des révisionnistes avant de se rapprocher de Robert Faurisson. (p. 158)
Le directeur des éditions "Champ Libre" rompit les contacts avec ce futur diffuseur négationniste.
Comme on le constate, l'extrême droite n'a pas l'exclusivité des thèses négationnistes. Des éléments venus des confins idéologiques de l'anarchisme et de l'ultra gauche ont basculé dans le négationnisme à la fin des années 1970.
RC |