Comme pour les vins fins, les FFL ont un millésime. Il est certain que les motivés les plus purs sont ceux de 40, car ceux là rejoignaient une cause qui n'apparaissait pas du tout comme celle qui allait gagner la guerre. Il leur a fallu beaucoup de patriotisme, de foi, d'héroïsme.
Ceux de 41 aussi, en cette année terrible où l'Allemagne volait de succès en succès,
Ensuite, aprés l'attaque de l'URSS, l'agression des USA, fin 1941, il devenait plus logiquement commode de rallier le camp qui était appelé à finalement gagner la guerre. Même si la route serait encore longue et dure, et que les chances d'y laisser sa peau étaient nombreuses.
En 1942, on ralliait alors la France Libre pour qu'elle soit plus puissante et nombreuse dans le camp des vainqueurs, pour sauver l'honneur, pour libérer la France. C'était encore trés beau, mais ce n'était plus l'héroïsme quasi suicidaire des volontaires de 40.
Aprés, est venue l'année 43, tournant de la guerre. Jusque là , les Alliés n'avaient connu que des défaites; à partir de là , ils ne connaîtraient que des victoires, mais égrenées avec une lenteur mortelle. Ce fut le moment, bien sûr des ralliements des forces vichystes, devenues flamboyantes forces libératrices. De Gaulle a dû composer, au nom de la nécessaire "union entre les Français". Admettre des nouveaux chefs qui l'auraient fait fusiller sans problème, au temps où l'un d'eux menaçait les parlementaires de les virer à la baionnette, en juin 40, pour obéir au quasi putsch de Pétain Weygand, et l'autre, prisonnier des Allemands, se voyait libérer sans gloire contre l'engagement d'honneur de ne plus participer à aucune action contre le Reich pendant cette guerre.
Oui, les FFL ont dû admettre des révisions déchirantes, des ralliements tardifs. Du moins, nous fût il épargné de voir la France libérée par Giraud, et rétablissant Pétain dans ses pouvoirs.
La politique, c'est l'art du possible.
Malgré toutes les révisions manipulatoires, l'Histoire a jugé, et a fait le tri. Il y a des noms qui restent marqués du signe de la grande épopée de "ces croisés au coeur pur",
Leclerc, Estienne d'Orves, Colonna d'Ornano, Amyot d'Inville, Félix Pigeaud, de Larminat, Koenig, René Mouchotte, et puis, il y a les autres. |