Bonsoir,
Les conseils de lecture de René m'acculent impitoyablement et sûrement à la ruine. Le dernier Vandromme, inscrit sur la trop longue liste de bouquins à acquérir, va rejoindre mon capharnaüm livresque.
En attendant, je ne vois pas trop ce que Vandromme entend par "Il y met à nu les racines de la Question royale, je veux dire son enjeu capital, qui consista à enlever à nos rois les droits que leur avait reconnus la Constitution de 1831: «Je prophétisai que la déchéance du pouvoir royal précipiterait la dégradation des moeurs parlementaires ». Pourquoi les pessimistes sont-ils seuls bons prophètes ?"
Il est vrai que la "Question royale" a considérablement restreint les pouvoirs des souverains. Il faut ajouter également que Léopold III s'était octroyé des pouvoirs que la Constitution ne lui accordait pas. Le roi règne mais ne gouverne pas. Or Léopold III entendait régner et gouverner. Avant de jeter la pierre, situons-nous dans le contexte des années 30. L'ensemble des pays européens traversait une crise profonde à la fois économique et politique. Les gouvernements impuissants à juguler la crise, sur fond de scandales, de particratie....s'enfonçaient dans l'impopularité. Sur ce marasme pesait également, dans la conscience d'une majorité de la population, la menace communiste. Nombre de pays basculèrent dans la dictature comme l'Italie fasciste de Mussolini, la Hongrie de Horthy, le Portugal de Salazar et...la prise du pouvoir par Hitler en janvier 1933. Pour faire bref, l'opinion publique, déçue par les échecs des démocraties et redoutant le péril rouge, recherchait des formes de gouvernement autoritaire.
La Belgique n'échappa pas aux crises: crises économiques, crises sociales, crises du régime. Léopold III conscient des périls qui menaçaient le pays, prodigieusement agacé par les gouvernements qui se succédaient à un rythme soutenu, ne manqua jamais l'occasion de fustiger les "politiques" par des paroles parfois blessantes qui ne lui seront jamais pardonnées. Même si le souverain n'outrepassa pas le cadre constitutionnel - "tout acte du roi est soumis au contreseing ministériel" - son ascendant et sa popularité était tels qu'il réussit à influencer très fortement l'action de ses gouvernements successifs.
Pour en revenir à la phrase de Vandromme "la déchéance du pouvoir royal précipiterait la dégradation des moeurs parlementaires". Oui et non ! Cette dégradation était patente dans les années 30. Léopold III tenta d'y mettre fin d'une manière maladroite et autoritaire. Que les efforts du roi pour établir un pouvoir exécutif durable et fort - dont il serait le chef - puissent se comprendre à l'époque est un aspect du régime mais il n'est pas sûr que la nation l'accepterait longtemps. La "question royale" en est la preuve.
Bref, les moeurs parlementaires sont ce qu'elles sont.... à l'aune des électeurs dont la représentation est le fondement de la démocratie.
Bien cordialement,
Francis.
PS. Il serait temps de proposer un ouvrage sur Léopold III. Lequel ? Je crois avoir trouver le livre qui fera l'unanimité "Léopold III - Un Roi dans la tourmente" de Antoine Giscard d'Estaing (rien à voir avec Valéry). Le livre est récent, l'auteur est Français; il cerne parfaitement son sujet; il est au-dessus des passions partisanes belgo-belges. |