Pour Hitler (et l'OKH), la question d'une attaque de la Suisse revenait sur la table des opérations chaque fois que les mouvements de la guerre l'exigeaient. On sait que la neutralité d'une nation ne l'a jamais arrêté, de cela l'état-major de Guisan était parfaitement conscient. En mai-juin 1940, en novembre 1942 et en 1944, le cas helvétique fut réexaminé et la possibilité d'une invasion en fonction des événements inscrite à l'ordre du jour. La ligne Masson-Schellenberg fut mise en place et entretenue avec un soin amical qu'on peut trouver ambigü et excessif par le chef du SR suisse (Masson) pour obtenir des renseignements de première main lors des périodes cruciales du conflit. On peut aujourd'hui estimer que cette liaison dangereuse fut malgré tout une source utile à Guisan et au Conseil fédéral. Mais je crois aussi qu'une Suisse officielle ayant bien compris où se trouvaient ses intérêts par une pression constante sur ses élites politiques et financières était plus utile à l'Allemagne nazie qu'un pays occupé, fut-il petit, avec ses exigences militaires et policières.
Une fois encore, le rôle de Pilet-Golaz dans la marche à la normalisation des rapports politiques et économiques est important. Il accepta la donne de "l'Europe nouvelle" nazie du moment que la Suisse y trouvait une place d'où elle pouvait espérer tirer des avantages. (Il est intéressant de constater que le conseiller fait la quasi unanimité chez les historiens suisses, quelque soit leur tendance : très rapidement trop bienveillant à l'égard du Reich.)
Cordialement,
RC |