Bonsoir,
Pour comprendre la fascination qu'exerça le nazisme sur la majorité des Allemands, il faut prendre en compte les caractéristiques - et les acquis - de la politique socio-économique, de la politique culturelle et de la politique de la jeunesse sous le IIIe Reich. Toutes ces mesures destinées à accélérer la modernisation de l'Allemagne seront glorifiées par la propagande qui s'appuiera sur le sentiment nationaliste ancré dans la société. Enfin, l'appartenance communautaire et la vie associative - la "Gemeinschaft" - inscrite dans la tradition nationale, sera largement favorisée. En d'autres termes, le régime national-socialiste améliorant les conditions d'existence, le niveau de vie et le cadre du travail de sa population a attiré à lui une grande partie de la population. Enfin, il est incontestable que les grandes liturgies nazies, défilés, congrès et plus généralement toutes les manifestations politiques, culturelles ou sportives, célébrées avec faste et force décorum, fascinaient.... y compris l'intelligentsia française (voir Brasillach se pâmant d'admiration lors d'un congrès).
Et les autoroutes dans tout cela ? Hitler a compris très vite le parti qu'il pouvait tirer d'une politique autoroutière ambitieuse.
D'abord, l'Autobahn agit comme un moyen de prestige et de propagande tant sur le plan national qu'international. Ensuite, en prévision de la guerre, les autoroutes faciliteront les transports militaires. Mais encore, couplé au projet d'une voiture populaire (Volkswagen) l'accent sera mis sur les loisirs des Allemands. Enfin, en 1936 alors que le chômage est persistant, on compte environ 250.000 personnes occupées sur l'ensemble des chantiers.
Le premier coup de pioche est donné fin 1933. Au début de la guerre seront construites plus de 2.000 kilomètres d'autoroutes (*). Fait significatif ! Chaque direction régionale du réseau autoroutier est flanqué d'un "défenseur du paysage" assisté d'architectes paysagistes qui veillent à ne pas nuire à la beauté du paysage. L'écologie avant la lettre ?
Bien cordialement,
Francis.
(*) en 1940, le réseau français comptait 17 km d'autoroutes. |