Page 259, tome 1 de la 2e édition. Deux dates contradictiores pour le passage de la ligne, le 16 ou le 26 mars 1941. Dans ces longs voyages on perd un peu la notion du temps §;c)
Océan Indien – à bord du Thysville, 26 mars 1941
Entre exercices de tir et fête foraine : les officiers de tir britanniques font lâcher des ballons et des cerfs-volants sur lesquels sont peinturlurés des portraits de Hitler ou des personnages les plus connus du nazisme ainsi que les emblèmes correspondants. Les mitrailleuses et canons légers qui sont censés assurer la défense du paquebot entrent aussitôt en action contre ces cibles mobiles et les atteignent régulièrement. Applaudissements des nombreux spectateurs qui voudraient bien participer à ce ball trap réservé à la Navy.
Les croisières peuvent être aussi ennuyeuses que détendantes. Tout est bon pour distraire utilement les passagers. Au niveau des cales, occupées par les tirailleurs et du reste largement ouvertes sur le ciel, une fête africaine s’organise pour le passage de la ligne : tam-tam, cris syncopés, danses... Les paquebots de la ligne des Indes pratiquent une ségrégation raciale rigoureuse : on ne verra jamais un homme de couleur sur les ponts des Blancs sans motif de service. Les Français n’ont pas l’habitude de ce genre de règlements mais ils gardent pour eux leurs réflexions ; ils sont là comme des invités. Et il y a dans leurs rangs, non seulement les troupes indigènes mais aussi des cas intermédiaires de presque blancs (Tahitiens, Martiniquais...) sur lesquels ils préfèrent ne pas attirer l’attention de crainte que les Anglais ne soient tentés de les trancher sans le moindre égard.
A noter qu'en 1981 quand je travaillais sur une barge française installant des plates formes pétrolières au large du Congo, il y avait également des "quartiers" séparés, non pas en fonction de la couleur mais en fonction des pays d'origine, ce qui revenait à peu près au même.
Amicalement
Jacques |