Bonsoir Laurent, bonsoir à tou(te)s,

Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan, dans leur biographie de Darlan reproduisent la lettre à Esteva.... en gommant le point 5 (à propos du général Juin) et le point 6 (à propos du général de Lattre). Agaçant ces saucissonnages de textes d'archives auxquels se livrent trop souvent les historiens. Mais soit ! Concédons que dans le contexte de la collaboration italo-vichyste, Juin et de Lattre ne sont encore que de présumés figurants.

En attendant que je déniche le livre du général Mast, je vous livre le contexte de cette collaboration tel qu'il est exposé par les deux historiens.
Les Italiens s'inquiètent du risque d'un accord franco-allemand dont ils feraient les frais. Leur situation en Libye n'est pas brillante. Le trafic à destination des ports libyens subit de telles pertes qu'il leur est indispensable de faire passer leurs approvisionnements par la Tunisie. Aussi, Darlan décide-t-il de jouer "la carte italienne" espérant contrebalancer la pression allemande. Vêtements, vivres... et 1.500 tonnes de carburant sont ainsi livrés aux Italiens. Ces derniers saisissent immédiatement l'occasion pour proposer leurs services. Le général Vacca-Maggiolini convoque l'amiral Duplat pour lui confier que le Duce est ...

***... très bien disposé à l'égard de la France et animé des meilleures intentions pour l'aider. Nous comprenons, en effet, très bien votre situation. [...] Il faudrait que vous précisiez vos désirs d'une part et que, d'autre part, vous indiquiez ce que vous seriez disposés à donner aux Italiens. Sans aucun doute, nous vous sommes très reconnaissants de ce que vous avez bien voulu accepter de faire pour nous aider en Libye, mais vous vous rendez bien compte que ce n'est pas quelques tonnes de plus ou de moins qu'on y modifiera profondément la situation. [...] Il faut faire quelque chose de plus. Les Allemands étant "toujours lents à comprendre", il vaudrait mieux laisser cette conversation sur le plan franco-italien, et, si elle tournait favorablement quant au fond, sans que cela engage la France vis-à-vis de l'Axe pour le moment, la rencontre à trois - Darlan, Ribbentrop, Ciano - qu'a semblé souhaiter l'amiral Darlan pourrait être organisée, et, au cours de cette rencontre, l'Italie aurait le moyen de peser sur l'Allemagne en faisant valoir l'aide éventuelle de la France pour faire aboutir vos demandes d'ordre politique. ***

Darlan donnera une suite positive aux demandes italiennes et il en explique les raisons dans la lettre adressée à l'amiral Esteva, résident général en Tunisie.

Bien cordialement,
Francis.