Pour comprendre le modus vivendi et la puissance symbolique de ce défoulement populaire et capillaire dégradant, on lira l'essai assez pointu mais pertinent d'Alain Brossart, Les tondues. Un carnaval moche, réédité par Hachette/Pluriel (poche). Selon l'auteur, le phénomène ne fut pas généralisé à l'ensemble des départements. On a beaucoup tondu en Dordogne, mais aucune Alsacienne ne subit ce sort. En raison de la spécificité historique des départements rattachés au Reich en 1940 ? Pas seulement. On a plus tondu dans les villes que dans les campagnes. D'un cliché d'une femme tondue devenu célèbre, il écrit :
Seule au milieu du troupeau, émouvante malgré la tondaison grotesque, qui est-elle ? Dénonciatrice, bouc émissaire providentiel, sainte, martyre, sorcière, succube drapé dans l'apparence de l'innoncence maternelle bafouée ? Tout histoire, toute vie naît et suit son cours sous le signe de l'équivoque; toute innocence est suspecte, toute culpabilité bien sondée appelle les circonstances atténuantes. C'est pourquoi, sans cesse, nous ressaisit la fatale attraction exercée par la petite tondue de Capa, entre l'horreur sacrée et le plaisir de rejouer le passé.
(p.28-29)
Cordialement,
RC |