J'ai commencé à lire en détail le numéro en question et je ne vous cache pas que je reste sur ma faim...

L'ouvrage souffre tout d'abord des défauts communs à toute la série : il s'agit d'une description "linéaire" des combats aériens (jour après jour), sans réelle synthèse, récapitulatif qui permettraient de tirer des conclusions ou d'avoir une vision plus globale des opérations (les enseignements, l'évolution des tactiques, la logique des opérations...). Connaissant la qualité de la réflexion de l'auteur je suis déçu de ne pas pouvoir lire une vraie conclusion faisant la synthèse et mettant en lumière les éléments principaux du thème (la Luftwaffe en Afrique).

En outre, l'ouvrage subit littéralement l'honnêteté intellectuelle de l'auteur : l'histoire des opérations qu'elles soient terrestres ou aériennes en Afrique du nord se base sur des textes anciens (l'auteur utilise le livre de René JARS de 1957...), datés, qui sont carrément dépassés aujourd'hui (quand ils ne sont pas épuisés comme le "Fighters in the desert" de SHORES et RING). Et rien n'a été fait depuis (à part la redite, pour ne pas dire le plagiat de leur contenu).

Or, l'auteur dans son introduction nous précise bien en toute franchise que son ambition est de montrer que ces ouvrages sont dépassés. C'est clair, honnête mais un peu court pour un ouvrage de 80 pages acheté 12€50... C'est ainsi que l'on note un emploi fréquent du conditionnel, ou de la critique sans proposition réelle (ce n'est pas tout de dire que les chiffres des avions abattus annoncés ne correspondent pas à la réalité, encore faudrait-il essayer de définir qu'a pu être la réalité des pertes...).

Enfin, l'ouvrage (présenté comme "prêt", ce qui justifiait que l'on fasse une nouvelle fois passer les allemands avant les italiens au mépris de la chronologie et du rapport numérique) n'a pas été suffisamment relu. Certes cela peut paraître du "pinaillage", mais j'ai relevé notamment :
- (page 18) Derna ne peut être en février 41 l'aérodrome principal des Ju52, ni des Me110 (7./ZG 26) allemands, car la ville ne sera reprise qu'après benghasi (logique quand on regarde une carte), soit fin mars début avril 41 (je vous donne la date exacte ce week-end) ;
- (page 21) les italiens n'ont pas retiré leurs bombardiers multimoteurs d'afrique du nord en avril 41 (je dois rechercher ce qu'il en a été mais j'en suis quasiment sûr) ;
- (page 40) Halfaya pass ne fut pas occupée seulement par les allemands, les italiens fournirent plus de la moitié de la garnison des différents postes de défense de la zone (Sidi Omar, Capuzzo...) ;
- (page 41) les allemands ne furent pas les seuls, ni les premiers à récupérer et à réutiliser le matériel pris à l'ennemi (les australiens ou les italiens firent de même bien avant leur arrivée) ;
- (page 41) le choix d'utiliser essentiellement Tripoli au lieu de Benghasi pour décharger les navires est incontournable, le port de Benghasi n'ayant plus en 1941 qu'une capacité de déchargement marginale (quelques centaines de tonnes par jour....... les bons jours !) ; il faut donc arrêter de croire tout ce que Rommel a pu dire là dessus (comme sur beaucoup d'autres choses).

Je me suis arrêté pour ce soir à la page 41 (opération Brevity), mais je tenais à vous faire part de mes premières impressions qui viennent relativiser l'à priori très favorable que l'on peut avoir en feuilletant le livre (dont je répète l'iconographie est particulièrement riche originale et belle).

J'ai tout de même apprécié les nombreux encarts très instructifs pour éclairer certains aspects du thème traité (j'y ai un peu retrouve l'esprit "pointu" et avisé de ROBA).

une dernière remarque : je trouve le choix de mettre des "Honey" Stuart britannique (?) en couverture pas très opportun : ces chars ne furent engagés dans la 4ème brigade blindée que pour Crusader, en novembre 41, or, le livre s'arrête en novembre 41 au déclenchement de ladite opération Crusader...

Bonne soirée,

CM