- 7 mars 1942 : Mgr Valeri est convoqué par Pétain à propos du projet de flotte vaticane.
- la lettre du nonce qui, avant de donner une réponse à Pétain, consulte les autorités vaticanes, est datée du 10 mars.
- le 24 mars, le dossier est entre les mains de Mgr Tardini qui trace les grande lignes de la réponse en l'agrémentant de la boutade.
- le dossier et la réponse sont repris plus sérieusement dans une note du 2 avril : ... du point de vue idéal, - indique Mgr Valeri - le geste du maréchal serait un aveu de la grande, très haute estime dont est entouré aujourd'hui plus que jamais le Saint Siège et le souverain pontife...
- La réponse officielle, envoyée au nonce sous la signature du cardinal Maglione (*), est vraisemblablement rédigée dans les jours qui suivent puisque Mgr Valeri rend compte à la fin du mois d'avril de la façon dont il a rempli sa mission auprès de Pétain.


le 26 mars, Pétain rencontre Laval; le bruit court, non qu'il va remplacer Darlan, mais qu'il va entrer au gouvernement (vigoureuse campagne dans ce sens de la presse allemande de Paris depuis quelques jours) -et qu'en conséquence, les envois de vivres américains à destination du Maroc vont se tarir.

le 27, le bruit se précise : Laval a exigé son retour au pouvoir, seul de nature à satisfaire l'occupant.

le 2 avril, dernière séance du procès de Riom; le 3, séance annulée, dix jours de vacances annoncés : il ne sera pas repris.

le 2 toujours, déclaration solitaire mais autorisée de Laval, disant qu'il a rencontré Pétain en tant qu'"initiateur (lui, Laval) de la politique de Montoire".

le 14, annonce du remplacement de Darlan par Laval, avec effet le 16. Publication au JO d'une loi "du 11" (!) suspendant le procès de Riom "pour complément d'information".

Boutades ou pas, la réponse vaticane "onctueuse" prend forme dans une période où le retour de Laval se dessine (et où, sur le plan militaire, l'armée allemande piétine en Russie même si la japonaise est au zénith). Vichy, par son offre de navires à un pays neutre, et au Vatican, essaye d'élargir ses relations, d'échapper à son tête à tête avec l'Allemagne, mais celle-ci veille au grain et s'apprête à resserrer son emprise.

Bref, je ne juge pas invraisemblable que dans un premier temps le Vatican ait hésité sur la suite à donner. La date exacte de la réponse (avant ou après le 14 avril) serait décidément bien intéressante à connaître.

Ainsi apparaissent les limites du livre du père Blet, s.j. -qui n'est que le énième publié par une puissance à la conduite peu nette pendant la guerre, à partir d'archives triées.