Bonjour à tous, (et merci pour vos réponses)
Dans l'ouvrage de Eric Conan et de Henry Rousso "Vichy, un passé qui ne passe pas", il semble confirmé que de Lattre ne fut pas récipendaire de la Francisque.
Francois Mitterand s’est donc senti contraint de s’expliquer. Il l’a fait longuement dans le cadre d’un portrait publié en 1986, et, pour la première fois en public, dans une version filmée de ce portrait, diffusée sur TF1 le 21 janvier 1987 : « Je me suis trouvé titulaire de la Francisque comme bien d’autres membres importants de la Résistance, par exemple mon ami le futur maréchal de Lattre de Tassigny. Lorsqu’elle m’a été attribuée en 1943, j’étais en Angleterre. Ce fut très pratique à mon retour, un bon alibi »
L’explication du président comporte malheureusement une erreur de taille et une inexactitude. Evoquer comme compagnon d’(in)fortune le maréchal de Lattre de Tassigny était a priori un choix judicieux : officier supérieur légaliste jusqu’au 11 novembre 1942, arrêté et condamné par Vichy pour insubordination, il s’évade en septembre 1943 et rejoint Londres puis Alger en décembre. Il deviendra, à la tête de la 1re armée française, l’un des héros de la libération du territoire. L’ennui est que le futur maréchal, malgré son allégeance initiale à Vichy, n’a jamais été décoré de la Francisque. Par ailleurs, la distinction maréchaliste ne semble non plus avoir jamais été accordée à un « autre membre important de la Résistance », contrairement à ce que dit Francois Mitterand.
Entendant les propos du président de la République, la maréchale de Lattre, particulièrement sourcilleuse quant à la mémoire e son défunt mari, s’indigne et exige, par un courrier envoyé à l’Elysée, un rectificatif immédiat. L’incident n’est pas sans gravité mais, comme souvent en pareille difficulté, Francois Mitterand trouve un moyen de s’en sortir sans que l’affire ne prennent trop d’importance. Désireux surtout d’éviter un démenti à la télévision, il s’excuse personnellement auprès de la Maréchale, expliquent qu’on ne « vérifie jamais assez ses informations », et s’engage à trouver une occasion pour rectifier l’erreur de lui-même et en public. Deux mois plus tard, le 31 mars 1987, il choisit de le faire dans des circonstances de discrétion suffisante , lors d’un déplacement à Besançon pour visiter le musée de la Résistance et de la Déportation. Il y déclare en substance qu’il ne s’agissait pas d’insulter la mémoire d’un grand soldat, mais de montrer comment d’authentiques résistants ont dû, pour donner le change, « camoufler leur drapeau ». Et il précise que le maréchal de Lattre de Tassigny n’a jamais été décoré de l’insigne maréchaliste. La presse ayant été peu diserte sur ce voyage, la mise au point passa inaperçue.
Cordialement
Laurent |