Bonsoir,
Les débats sur les carences réelles ou supposées de l'armée française en 1940 sont tout simplement passionnants. Ces débats, au fil des mois, rebondissent d'un livre à l'autre et lorsqu'ils sont animés avec courtoisie par des contributeurs de qualité, aux opinions contradictoires, le lecteur attentif ne peut que se réjouir. "De la discussion jaillit la lumière" remarquait très justement l'un de ces contributeurs.
En rassemblant l'ensemble de ces contributions (merci au webslave - le moteur de recherche est capable de toutes les prouesses), j'ai retrouvé une contribution de Serge à propos des délégations de pouvoirs et de la chaîne de commandement. J'y ajoute mon grain de seul en relatant un épisode vécu par Marc Bloch dans "L'étrange défaite".
Versé au 4e Bureau chargé de la circulation, de la main d'oeuvre et du ravitaillement de la 1e Armée, Marc Bloch s'occupait plus particulièrement du "Parc d'Essence".
Pour ravitailler les unités en carburant, il fallait faire preuve d'un stoïcisme à toutes épreuves et ... fort heureusement d'un esprit de débrouillardise faisant fi des règlements. Ainsi le "Parc d'Essence" ne dépendait du commandant de l'armée que par l'intermédiaire du général commandant l'artillerie, représenté lui même, au degré inférieur, par le chef d'escadron directeur du service des Munitions et Essence. Le règlement exigeait que tout ordre, de l'armée au parc, passât, avant d'atteindre son but, par la voie hiérarchique soit par ces deux autorités superposées. Bien entendu les documents devaient être établis selon des règles bureaucratiques bien précises. Le document était ensuite remis au service "Courrier" chargé de l'acheminer vers les divers destinataires.... souvent introuvables dans le feu du combat. En outre, ajoute Marc Bloch, le service "Courrier" ne disposait que d'un nombre insuffisant de véhicules automobiles et surtout d'aucune motocyclette. Bien souvent, c'était en vélo que se déplaçaient les estafettes. Au retour, il n'était pas rare que les soldats allemands occupaient les lieux.
Bien cordialement,
Francis. |