Bonjour,

J'ai indiqué ce lien vers la dépêche reproduite par Le Monde à simple titre d'information sur un sujet délicat : Que savaient réellement les Alliés du plan nazi d'extermination et depuis quand ?

Sur la qualité générale du journal, il y en effet des choses à dire ! Naguère respecté pour son indépendance vis-à-vis des pouvoirs économiques et politiques, la hauteur de vue de ses rédacteurs et leur soin à rapporter le plus fidèlement possible les événements et l'état des recherches de leur temps, le titre fondé à la Libération par Beuve-Méry sous l'impulsion de De Gaulle déçoit chaque année davantage de ses lecteurs.(*) Le bouquin de Cohen et Péan, même s'il est un peu brut et manque parfois d'éléments vérifiés, révèle cette déception et tente d'en exposer les causes.

Concernant l'Histoire des pays de l'Est traitée par Le Monde, connaissant mal le domaine, je ne prendrai pas position. Pour ce qui est de la Seconde guerre mondiale, je ne serai peut-être pas aussi expéditif que vous, même si je trouve la qualité des recensements (essais et bios) très inégale. Une chose est certaine : en moins de 15 ans, ce titre est devenu un quotidien généraliste "comme les autres", avec ses bonnes plumes et ses tâcherons, ses lecteurs subtils et ses bâcleurs, ses libres esprits et ses cireurs de pompes.
J'apprécie toujours les notes de lecture d'un Laurent Douzou, chercheur spécialiste de l'histoire politique de la Résistance. Ses recensements sont précis et pertinents. Mais c'est un collaborateur occasionnel, un pigiste de luxe. Il n'est pas révélateur de la qualité générale des papiers consacrés à l'Histoire.
En revanche, le supplément littéraire qui chronique aussi des essais et des bios est devenu un espace de complaisance où l'esprit critique brille par son absence.

Bien cordialement,

RC

(*)La qualité éditoriale du Monde est inversément proportionnelle à l'importance accordée au métier de journaliste depuis les années 80. En 2005, la fonction est sacralisée et certaines stars des médias se comportent comme des divas contrariées. Les journalistes prétendent se mêler de tout - Histoire, Philosophie, Sociologie, etc... - et supportent mal d'être remis en question. Et puis, avez-vous déjà vu ou entendu un rédacteur venir faire un mea culpa sincère après avoir diffusé et commenté une fausse info ou une intox ?