Bonsoir,
Chacun sait combien il est difficile - pour ne pas dire périlleux - de se forger un opinion sur les évènements qui embrasèrent le monde. Les interminables controverses entre historiens font le bonheur des maisons d'édition. Les controverses entre amateurs d'histoire sont pain béni pour les forums.... et accessoirement cheveux gris pour les modérateurs. A quel saint se vouer ? L'histoire de l'épuration et plus particulièrement les procès de Pucheu, Laval, Pétain et consorts en sont un bel exemple.
A défaut de pouvoir - ou peut-être de vouloir trancher - LdG propose (à ce jour) trois livres sur l'épuration qui font (ou firent) autorité. Chacun mérite un mot d'explication.
- "Histoire de l'Epuration" (1967) de Robert Aron: le plus volumineux et longtemps l'ouvrage incontournable auquel on se réfère encore aujourd'hui. Le livre fait date. La thèse du "bouclier et de l'épée" développée dans son livre "Histoire de Vichy" ainsi que la thèse du bon Vichy de Pétain et du mauvais Vichy de Laval sont omniprésentes dans l'ouvrage. Trop souvent les condamnés sont décrits comme des "victimes". Enfin, il faut noter que Robert Aron colporta la légende noire des 60.000 exécutés pour faits de collaboration. Les chiffres les plus récents comptabilisent environ 1.600 exécutions dans le contexte de l'épuration extra-judiciaire - dite épuration sauvage - et entre 750 à 800 passés par les armes à la suite d'une condamnation de la justice officielle. On est loin, très loin, des 60.000.
- "Morts pour Vichy" (2000) d'Alain Decaux : le plus agréable à lire. Est-ce une raison pour considérer l'auteur avec le dédain qu'il sied (dans certains milieux) pour le conteur de la petite lucarne aux images qui bougent? Decaux ne se livre pas à une analyse impénétrable des raisons politiques qui ont précipité la chute de Darlan, Pucheu, Laval et Pétain. En prologue au livre, Decaux indique :
"A l'occasion d'enquêtes personnelles, nécessitées par les émissions de télévision que j'ai préparées et présentées pendant vingt ans, j'ai réuni une foule d'information provenant de témoins directs et dont je n'ai pu utiliser qu'une part. Je parviens à l'âge où l'on s'interroge quant au sort qui sera réservé, après soi, à de telles archives. Peut-être les jugera-t-on utiles pour la connaissance de notre siècle.
C'est donc au public que je confie le soin de les transmettre aux historiens.
- "Le procès de Vichy: Pucheu, Pétain, Laval" (1980) de Fred Kupferman. Sans concession pour le régime de Vichy, Kupferman propose une analyse nuancée avec le talent du narrateur expliquant les procès en les situant dans l'atmosphère et les tumultes de l'époque.
Bien cordialement,
Francis. |