Ce qui m’a surpris à la lecture des livres de Sauvage et de Courriere, c’est de constater à quel point le front de l’Est avait désensibilisé les hommes, aussi occidentaux, aussi civilisés soient-ils. Ainsi même les « de », raille Courriere , comme les pilotes de Saint-Marceau et de la Salle , traditionnels défenseurs de la veuves et de l’orphelins, pillent une vieille allemande en pleures, de ses quelques laitues. Le sort des civils allemands ne leur importe peu. On s’amuse a leur faire peur en les menaçant de « Siberie ». Mitrailler une colonne en retraite ne choque pas, même si bien entendu , elle est composée de civils en majorité.
Car ce fut une lutte à mort veritablement inimaginable.
« Les renseignement du front indiquent qu'en Livonie, Courlande, Galicie et Transylvanie les minorités ethniques allemandes réimplantées depuis 1941 fuient l'implacable avance des troupes soviétiques dans l'exode le plus effroyable de la seconde guerre
Avalanche humaine, horreur quotidienne, femmes et enfants terrorisés attelés aux chariots de ferme, aux luges, aux tables renversées transformés en traîneaux. Morts par centaines, par milliers, on ne compte plus. Morts de froid, d'épuisement, de faim, écrasés sous les bombes, hachés par les mitrailleuses .
Pas de pitié . Il faut avancer, en finir avec l'hydre nazie acculée dans sa caverne. Eichenbaum, de retour du front, raconte comment, dans les faubourg d’Insterburg en flammes, il a vu « repasser « ¯ un immense rassemblement de troupes allemandes prêtes au départ pour Koeningsberg . Il n'est pas méchant, Igor, mais il en a tant subi qu’il exprime dans son horrible récit toute la jubilation du monde. Il a échappé‚ dix fois à la mort, il s'est indigné‚ entre Norkitten et Auloweinen devant les rapines des nazis : des hangars regorgeant de milliers de tapis, de postes de radio, de caisses de cognac, de cristaux de Bohême, de meubles splendides, richesse arrachées à des populations déportées, il a pleuré à Wenenfeld de devant les cadavres de soldats soviétiques des troupes d'assaut, prisonniers, arrosés d'essence et brûlés vifs.
Alors, chacun son tour. On ne va pas s'émouvoir pour autant! La victoire est à portée de la main. »
Y Courriere
Laurent |