François Huguenin parle justement des Vichy, c'est-à-dire des différentes périodes du régime de Pétain durant lesquelles furent amalgamés des porteurs d'influences idéologiques très diverses. (Action français, technocratie, "mounièrisme" revisité, Croix-de-feu, pro-fascistes, etc.)
Certains militants de l'Action française ont rejoint le nouvel Etat avec enthousiasme alors que d'autres passèrent rapidement à ce qu'on nommait la dissidence (Rémy, chef du premier réseau de renseignement de la France libre) ou alors tentèrent le double jeu Vichy-Alliés, comme le colonel Groussard, ex du SR de l'armée, cagoulard, chef des Groupes de Protection du nouveau régime puis dissident sous Laval avant de s'évader pour s'installer en Suisse et y diriger un réseau de renseignements en liaison avec les Anglais. Le premier Vichy fut aussi celui de rescapés de la IIIe République qui cohabitèrent un temps avec des éléments antirépublicains ultras et des royalistes anti-allemands... !
Néanmoins, je pense que l'on peut dire que le courant antidémocratique, anticommuniste et antisémite qui s'était développé en France depuis les années 20 accueillit dans l'ensemble très favorablement le nouveau régime qui s'inspirait en partie des thèses de Charles Maurras, éternel pourfendeur de l'héritage du siècle des Lumières.
Vichy, c'est compliqué et, jusqu'en décembre 1942, le régime est traversé de courants et tendances contradictoires. En découvrant l'instauration du système Pétain, on constate qu'il y eut des accommodements, des rafistolages idéologiques et des arrangements effectués dans ce qu'on peut définir comme une improvisation politique et structurelle sur des refus idéologiques : rejet de la république parlementaire, rejet de l'humanisme hérité de 1789, rejet de l'antiracisme, etc.
Mais - et je rejoins Serge Desbois - il est difficile de parler d'une idéologique vichyste clairement édictée comme l'idéologie fasciste par exemple (Mussolini).
Bien cordialement,
RC |