Bonjour,
J'ai commencé le livre de Theo Tschuy, Diplomatie dangereuse (Georg, 2005) sur l'action de Carl Lutz, ce diplomate suisse courageux qui choisit de ne pas accepter son statut d'observateur "neutre" à Budapest durant les mois terribles de l'année 1944 quand Eichmann organisait la déportation des juifs hongrois.
Cette biographie très fouillée raconte comment Carl Lutz, consul de Suisse à Budapest de 1942 à 1945, a bravé les usages et les règles diplomatiques en délivrant des sauf-conduits à des dizaines de milliers de juifs hongrois destinés aux camps d'extermination. (ext. 4e de couv.)
Bien sûr, le diplomate dut prendre des risques physiques très réels face à des ennemis comme Eichmann, Veesenmayer (le représentant d'Hitler dans la capitale hongroise), les escadrons SS, la police hongroise et les Croix-Fléchées.
Contrairement au commandant de la police du canton de Saint-Gall Paul Grüninger qui vit sa carrière brisée pour avoir fait entrer des juifs en Suisse dès l'été 1938, Carl Lutz ne fut pas révoqué et il termina sa carrière en 1961. Il faut dire qu'à l'été 1944, les autorités helvétiques savaient que le Reich avait perdu la guerre. Berne se contenta d'étouffer l'affaire Lutz durant des années. Il fallut attendre 1957 pour entendre parler de l'action du consul à Budapest. En 1995, enfin, le Parlement fédéral exprima des excuses officielles pour avoir "oublié" cet homme qui démontra qu'il était possible de s'opposer efficacement aux nazis.
On imagine l'efficacité obtenue par des diplomates tels que lui ou Wallenberg s'ils avaient été soutenus officiellement par leurs pays en liaison avec les Alliés...
Bien cordialement,
RC
PS : j'espère pouvoir déposer ce titre prochainement ici. |