Je vais interroger mon “ colonel correspondant Viet ” sur les questions que vous posez : Quel était le niveau de contribution des Chinois en ce qui concerne la DCA ? Les Chinois faisaient-ils plus que d’accompagner les bodoïs jusqu’aux barbelés ? Est-ce que les artilleurs chinois actionnaient eux-même certaines pièces d’artillerie (canons de 105) ? Peut-il me parler de Nguyen Huu An commandant le 174 à DBP ?
J’ai déjà eu des échanges avec ce même correspondant sur l’emploi par les Viets du canon de 75. Il m’a fait remarquer qu’en matière 75 les Viets étaient plus expérimentés que nous le supposions. Dès 1945, des sous-officiers et artilleurs de l’armée française d’origine Vietnamienne avaient rejoint le Viet Minh avec quelques vieux canons de 75 français type 14/18 et avaient enseigné l’usage de ces canons d’infanterie. Leur emploi en tir direct ou semi-direct ne posait pas les mêmes problèmes que les canons de 105 à portée de 5 à 10 km en tir balistique.
Il ne serait pas étonnant que les Chinois aient pu contribuer de façon déterminante à l’emploi des 105 à DBP. Selon notre service de renseignement ( archives du SHAT, carton 10 H 1160), le régiment 45 de la division d’artillerie 351 possédait 24 canons de 105, ce que confirme le Viet Minh. Mais l’état-major français a toujours suspecté qu’il y ait pu y en avoir d’avantage. Des officiers d’artillerie français, à leur libération des camps viets auraient glané pendant leur captivité, que les viets en possédaient 36 ( rapporté par le général d’artillerie De Brancion). Le général britannique Peter Mac Donald qui a consacré une biographie à Giap affirme après l’avoir interrogé, qu’il y avait autour de DBP 48 canons de 105 ?
Pourquoi les Viets dissimuleraient-ils le nombre exact de ces pièces sinon pour étouffer le rôle possible des artilleurs chinois à leur côté ? Comment auraient-ils pu organiser suffisamment de séances d’entraînement dans des écoles à feu en 1 ou 2 ans pour mettre en jeu autant de ces canons avec une précision aussi satisfaisante ? N’y avait-il pas une unité d’artillerie chinoise entière de 24 canons de 105 à l’Est de DBP ?
Quant aux Katiouchka, il y en a un exemplaire dans le musée de DBP à 6 tubes, peut-être de fabrication locale viet ou chinoise vraisemblablement d’après son allure. Ce genre de lance-fusées ou lance-roquettes d’après les spécialistes tire à l’estime et donc n’avait pas besoin d’artilleurs chinois callés en balistique. Son emploi fut limité car il est tellement gourmand en munitions qu’il faut des camions nombreux pour réapprovisionner une batterie. Impressionnant par son bruit, repérable par sa trace, il est bien moins redoutable (s’il n’est pas employé par centaines à la fois à la façon des Soviétiques pendant la 2ème guerre mondiale) que le mortier de 120 qui lui permet d’ajuster une cible. Le régiment 675 de la division d’artillerie 351 en aurait eu 20 officiellement. Mais ici encore le général Peter Mac Donald parle de 48, ce qui constituait une puissance de feu considérable.
Je vous tiendrais au courant de la réponse de mon correspondant.
Cordialement. |