Bonjour,
Bien avant que les accords "Clark-Darlan" ne furent finalisés, les pourparlers entre les deux hommes soulevèrent une tempête d'indignation dans la presse et l'opinion anglo-saxonnes. Pouvait-il en être autrement ?
Il apparut très vite aux Américains que la carte Giraud était injouable. Dès le 9 et 10 novembre 1942, les Américains constatèrent que Giraud n'avait aucune autorité et encore moins de légitimité aux yeux des Français, pour rallier l'Armée d'Afrique. Par contre, Darlan, quelle aubaine ! Ce dernier était le dauphin désigné du maréchal Pétain, était sur place au moment le plus opportun et surtout était en mesure de rassembler sous son autorité les officiers français qui, selon le mot d'Eisenhower, avait une "besoin invétéré" de donner une apparence de légalité à toutes leurs actions. Qu'il s'agit de réalité ou de fiction, l'affirmation que Pétain était prisonnier et qu'il avait accordé sa confiance à son dauphin, résolvait le problème du serment au maréchal.
Darlan, le "stinking skung" (putois puant) des Anglais, de Roosevelt, des gaullistes et des conjurés d'Alger, placé à la tête de l'AFN fut le début d'une série d'attaques violentes déclenchée par la presse. Les principaux intéressés s'estimèrent obligés de se justifier.
Commençons par un message du général Clark qui, dans un message au général Eisenhower, déclare :
*** Nous nous serions trouvés en présence d'un désordre complet si nous avions voulu imposer le commandement de Giraud malgré cette violente opposition. Je voudrais vous dire - et Murphy, Matthews et Holmes sont du même avis - que si tout était à refaire, nous serions contraints de traiter avec Darlan, dans un intérêt militaire, pour pouvoir déplacer librement nos troupes vers l'Est sans être gênés par des querelles et des troubles dans les régions de l'arrière. J'ai déclaré nettement à Darlan, en des termes qui ne prêtaient à aucune équivoque, que nous ne traiterions avec lui qu'aussi longtemps qu'il ferait exactement ce que nous lui dirions. *** (*)
Nous poursuivrons par la réaction du président Roosevelt. L'objectif final sera de rassembler ces textes dans une base documentaire accessible à tous. (Ce sera toujours ça de moins à dactylographier §:-)
Bien cordialement,
Francis.
(*) General Julius Holmes, "Eisenhower's African Gamble" (Collier's Magazine, 18 janvier 1946) - in "Le Jeu américain à Vichy", William L. Langer. |